Tennis : "Triste jour", "Je ne crois plus à un sport propre"... La suspension de Jannik Sinner indigne le circuit
Le monde du tennis monte au filet. Suite à l’annonce de la suspension de Jannik Sinner pour trois mois samedi 15 février, après un accord passé entre le numéro un mondial et l’Agence mondiale antidopage (AMA), plusieurs grands noms du circuit ont publiquement fustigé cette décision, alors que l’AMA demandait initialement un à deux ans de suspension à l’encontre du numéro un mondial.
"Je ne crois plus à un sport propre", a ainsi regretté Stan Wawrinka, fataliste, sur ses réseaux sociaux. "L'AMA a annoncé que ce serait une suspension d'un an ou deux. De toute évidence, l'équipe de Sinner a fait tout ce qui était en son pouvoir pour aller de l'avant et accepter une suspension de trois mois, sans perdre de titres ni d'argent", a développé l’Australien Nick Kyrgios, avant d’ajouter : "Coupable ou pas? Triste jour pour le tennis. L'équité dans le tennis n'existe pas."
"Un peu trop commode" et "pratique pour Sinner"
Outre le principe même d’un accord, pointé du doigt, c’est la durée et le timing de la suspension qui attisent la colère du circuit, alors que Jannik Sinner ne manquera que les Masters 1000 d'Indian Wells, Miami, Monte-Carlo et Madrid, mais sera de retour pour Roland-Garros fin mai. Or, avec 2 100 points ATP à glaner dans la période, Jannik Sinner pourrait arriver porte d’Auteuil toujours sur son trône de numéro un mondial.
"Ca me semble un peu trop commode…Cet accord semble être très pratique pour Sinner mais il devra répondre à beaucoup de questions à propos de cette histoire pour le reste de sa carrière", s’est ainsi étonné Tim Henman, ancien numéro 4 mondial, sur Sky Sports. Et le Britannique d’ajouter : "Il est évident qu’après avoir remporté l’Open d’Australie, le fait de ne manquer que trois mois du circuit et donc d’être éligible pour Roland Garros, ne pouvait pas mieux tomber pour Sinner…"
Bien que convaincu que Jannik Sinner n’a pas cherché à tricher, Tim Henman regrette la façon de faire de l’AMA : "Lorsqu’il s’agit de dopage dans le sport, tout doit être blanc ou noir, c’est binaire, c’est positif ou négatif, vous êtes banni ou vous ne l’êtes pas. Lorsque l’on commence à lire des mots comme « règlement » ou « accord », on a l’impression qu’il y a eu une négociation et je ne pense pas que cela convienne à la cohorte des joueurs et aux fans de ce sport."
Ruud et Gasquet défendent Sinner
Marion Bartoli a, elle, regretté sur RMC que les jurisprudences n’aient pas été retenues : "Au niveau du TAS (Tribunal arbitral du sport) les jurisprudences sont quand même plus élevées que ça, c’est-à-dire que même pour des négligences, il y avait plus que trois mois. Le président de l’ATP est italien et comme par hasard, il reprendra à Rome…"
Quand tu imbriques un peu tout, tu te dis quand même, d’un certain côté, est‐ce qu’ils ne se foutent pas un peu de notre gueule ?
Marion Bartolià RMC
Un avis partagé par Yevgeny Kafelnikov, ancien numéro un mondial et vainqueur de Roland-Garros en 1996, qui a émis des doutes sur l’honnêteté de Jannik Sinner sur ses réseaux sociaux : "Si vous êtes à 100 % sûr de votre innocence, pourquoi accepter une suspension de trois mois ? Cela n’a aucun sens. En supposant que je joue encore, à chaque fois que je serais opposé à Sinner en tournoi, que ce soit au premier tour ou en finale, je ne me présenterais pas sur le court. Mais j’ai peur que personne ne fasse la même chose."
Pointé du doigt de toutes parts, Jannik Sinner a toutefois reçu quelques soutiens, à l’image de celui de Casper Ruud. "Je connais très bien Jannik. Je suis avec lui. Je pense que c'est un bon gars", a déclaré le numéro 5 mondial. "Jannik est un type formidable, il a une grande personnalité et il est très gentil sur le court, il va bientôt revenir, c'est la chose la plus importante", a de son côté apprécié Richard Gasquet.