Procès de P. Diddy : récit glaçant de Cassie Ventura, départ des filles du rappeur... Ce qu'il faut retenir de la première semaine d'audience
Un procès ultramédiatisé. La première semaine d'audience dans l'affaire mettant en cause P. Diddy, alias Sean Combs, s'est achevée vendredi 16 mai. La figure du rap américain, qui fait notamment face à des accusations de trafic sexuel, de corruption, d'enlèvements et d'intimidation, risque la prison à perpétuité. Il a plaidé non coupable sur l'intégralité des charges qui pèsent contre lui. Du témoignage de son ex-compagne de longue date au soutien de sa famille, franceinfo revient sur les temps forts de ce début de procès, qui doit durer environ sept semaines.
Son ex-compagne a livré un témoignage accablant
C'était l'un des témoignages les plus attendus. Pendant deux jours, la chanteuse Casandra "Cassie" Ventura, qui a partagé la vie du rappeur et producteur durant plus de dix ans, a témoigné à la barre des dessous des violences qui ont gangréné leur relation. Elle a raconté avoir été contrainte de participer à des "freak-offs", de longs marathons sexuels mêlant drogue et hommes prostitués. Lors de ces orgies, qui avaient parfois lieu de manière hebdomadaire, P. Diddy l'encourageait à prendre des substances illicites avant d'avoir des relations sexuelles sous les yeux du chanteur, relate-t-elle. "J'étais humiliée", a-t-elle dit, la voix brisée par les larmes. "Je ne pouvais en parler à personne." "J'avais l'impression de n'être bonne qu'à ça pour lui", précise-t-il.
La femme de 38 ans, enceinte de plus de huit mois, a également abordé les agressions subies en 2016 dans un hôtel de Los Angeles. Des images de vidéosurveillance accablantes, révélées par CNN, ont montré Sean Combs s'acharner sur elle. Ces images ont été diffusées à plusieurs reprises aux jurés. Ces violences étaient habituelles, selon la plaignante : "Il me frappait à la tête, me renversait, me traînait, me donnait des coups de pied, me frappait à la tête si j'étais à terre", a-t-elle détaillé, parfois en pleurs.
La défense s'attaque au comportement de Cassie Ventura
"Vous étiez incroyablement jalouse", "vous preniez beaucoup de drogues"… La défense de P. Diddy s'est évertuée à dresser un portrait dépréciatif de Casandra Ventura, son ex-compagne. Elle a affirmé que les tromperies et les accès de violence omniprésents des deux côtés. "Vous et Sean Combs avez été amoureux pendant onze ans, (…) vous l'aimiez, (…) vous preniez soin de lui", a insisté Anna Estevao, une des avocates de Sean Combs. Lors du contre-interrogatoire, celle-ci a cité une dizaine de courriels et de SMS sexuellement explicites. Marc Agnifilo, également conseil du magnat du hip-hop, a évoqué un mode de vie "échangiste".
La défense a aussi cherché à démontrer que Cassie avait participé de son plein gré aux orgies, jusqu'à en planifier les détails. Elle a soutenu que les "freak-offs" étaient l'occasion pour la chanteuse de consommer de la kétamine ou encore du GHB, alors qu'elle en était à l'époque dépendante. Cassie avait, elle, expliqué que les drogues lui permettaient "d'être insensible" pendant les relations sexuelles avec d'autres hommes. "C'est pour ça que j'en consommais tant, (…) c'était une sorte de fuite". Teny Geragos, autre avocat du rappeur, a qualifié les accusatrices de Combs de "femmes adultes, capables et fortes" et a déclaré que son couple avec Casandra Ventura était une "relation toxique", "entre deux personnes qui s'aimaient".
Les filles du rappeur quittent la salle d'audience, bouleversées
Plusieurs membres de la famille de P. Diddy se sont rendus au tribunal : sa mère, Janice Combs, et ses enfants. En octobre 2024, cinq d'entre eux avaient pris la défense de leur père dans un communiqué commun sur Instagram. Mais durant l'audience, certains ont semblé bouleversés par certains témoignages. Ses trois filles Chance Combs et les jumelles Jessie et D'Lila Combs ont notamment dû quitter l'audience, pendant la description d'actes sexuels, rapporte Vanity Fair.
Le récit d'un homme prostitué, Daniel Phillip, particulièrement sordide, est notamment en cause. Cet escort de 41 ans assure avoir assisté à une agression sexuelle de Cassie Ventura par son ex-mari. Il dit aussi avoir été témoin de violences physiques du rappeur. Il assure l'avoir vu tirer la jeune femme par les cheveux jusqu'à sa chambre et précise y avoir entendu des claques et des cris. Mais il n'en a jamais parlé, a-t-il affirmé, comme l'a rapporté Le Parisien. "J'avais peur pour ma vie", a-t-il assuré, alors que P. Diddy aurait photographié sa carte d’identité, officiellement pour des raisons d'assurance.
Par ailleurs, Justin Dior Combs, premier fils biologique du rappeur, était accompagné de sa mère Misa Hylton. Mais "la comparution de Misa et sa présence au procès de M. Combs visent uniquement à soutenir son fils Justin et ses frères et sœurs", a précisé l'avocat de Mysa Hilton à USA Today. La styliste a, par le passé, soutenu publiquement Cassie Ventura.
L'audience suivie par les médias, des influenceurs et... un ventriloque
Le procès a suscité une énorme attention médiatique. Des cars de télévision ont encombré le quartier et des centaines de spectateurs ont fait chaque jour la queue devant le palais de justice, raconte le quotidien britannique The Guardian. Parmi eux figurent des fans de Sean Combs, des créateurs de contenus, des podcasteurs de faits divers, un analyste du langage corporel pour TikTok, et même un ventriloque. Des habitants ont posé des jours de congés exprès pour assister aux audiences, affirme par ailleurs le journal.
Seuls 21 membres de la presse et environ 14 membres du public étaient admis chaque jour dans la salle d'audience principale. Pour répondre à la demande, le tribunal fédéral a ouvert trois salles d'audience supplémentaires diffusant en direct le procès. L'événement passionne autant en raison de la notoriété de l'artiste. "Que ce soit ma mère de 60 ans qui se souvient de ses débuts de producteur de rap, moi – qui ai plus de la trentaine – qui ai dansé sur sa musique au lycée, ou mon frère de 20 ans qui le connaît essentiellement pour ces histoires de lubrifiant… Tout le monde a une forme de connexion avec lui", observe Brian Buckmire, expert en droit sur ABC et auteur d'un podcast sur le sujet.