Guerre en Ukraine : depuis Prague, Emmanuel Macron appelle les Alliés à «ne pas être lâches»
En visite en République tchèque, le chef de l’État doit annoncer son soutien à l’initiative tchèque d’achat de 800.000 obus hors de l’Union européenne.
Emmanuel Macron a exhorté ce mardi devant la communauté française, en visite à Prague, les alliés de l’Ukraine à «ne pas être lâches». Le chef de l’État doit s’exprimer à 13h30, lors d’une conférence de presse avec son homologue tchèque Petr Pavel, sur l’achat de 800.000 obus hors de l’Union européenne, ainsi que sur sa déclaration polémique sur l’envoi de troupes au sol en Ukraine.
Emmanuel Macron est revenu, dans un entretien ce mardi au journal tchèque Právo sur son «ambiguïté stratégique». Le 26 février, à l'issue d'une conférence de soutien à l'Ukraine à Paris, le président de la République avait déclaré qu'il «n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre». La plupart des Alliés, dont la République tchèque, l'avaient désavoué. «J'ai toujours été clair sur notre cadre : nous ne sommes pas en guerre contre le peuple russe et nous refusons d'entrer dans la logique de l'escalade», a précisé le chef de l'État ce mardi matin.
Le président Tchèque Petr Pavel, ancien général qui avait sauvé des soldats en Yougoslavie, avait annoncé, à la conférence de Munich mi-février, avoir identifié 800.000 obus prêts à l'achat hors de l'Union européenne. «Jusqu'à présent, nous avons trouvé un demi-million d'obus de 155 mm et 300.000 obus de 122 mm, que nous pouvons expédier (en Ukraine) dans quelques semaines à condition d'avoir les fonds nécessaires». L'initiative coûterait 1,5 milliard de dollars. Une quinzaine de pays soutient déjà le «plan tchèque». La Belgique et les Pays-Bas ont promis respectivement 200 et 100 millions d'euros. Emmanuel Macron avait déjà annoncé, la semaine dernière, être favorable à cette initiative, sans donner de détail. Jusqu'à présent, l'Élysée militait plutôt pour acheter et produire des munitions en Europe.
À lire aussiLa Tchéquie de Petr Pavel aux avant-postes de l'aide à l'Ukraine
Les 27 membres de l'Union européenne avaient acté, en mars 2023, l'allocation de deux milliards d'euros pour livrer un million d'obus de 155 mm, calibre Otan, en mars 2024. Seuls 30% ont été livrés, a regretté Volodymyr Zelensky à Paris le 26 février dernier. «Force est de constater que nous n'avions pas ce million», a reconnu Emmanuel Macron devant la presse, évoquant un «engagement imprudent». Le président français avait également annoncé une «coalition» pour livrer des missiles de longue et moyenne portée.
La raréfaction des munitions devient un enjeu crucial pour l’Ukraine. Elle tirerait environ 45.000 obus par semaine, et son industrie de défense, régulièrement visée par les Russes, ne peut suivre ce rythme de production. La Maison-Blanche a, d'ailleurs, déclaré que l’Ukraine «rationne les munitions, voire en manque sur le front», le 14 février, alors que la Chambre des représentants, à majorité républicaine, bloque une aide de 60 milliards destinée à l’Ukraine. La Russie, elle, produit ses obus et tire actuellement ceux livrés par la Corée du Nord, du même calibre soviétique que ses canons.