F1 : on a testé le simulateur de course automobile qui permet de devenir pilote professionnel dans la vraie vie
À Paris, près de la Bourse, une vitrine à côté du désormais célèbre restaurant Popolare intrigue les passants. Il faut dire qu’ils y observent une Formule 1 reproduite à l’échelle 1 :1, dans laquelle des passionnés s’entraînent sur simulateur. Ce que l’on peut voir, vient tout droit de la tête d’Édouard Schumacher il y a un an - face à un constat sans appel.
Le dirigeant du groupe «Car Lovers» et patron de l’écurie Schumacher CLRT constate alors que le sport automobile reste un milieu masculin et financièrement inaccessible. Il veut en révolutionner l’approche. «Il fallait donc faire quelque chose pour le démocratiser», explique Laetitia Pouillard, directrice de communication du groupe.
La solution était toute trouvée : donner vie à un centre de simulation automobile professionnel, pour que dans l’esprit, la structure fasse naître des vocations. Voilà comment a été inauguré le 28 avril dernier E-Motion, lieu dédié au sport automobile installé au 115 rue Réaumur dans le 2e arrondissement de Paris. Avec ses 650 m² et ses 38 simulateurs professionnels, il s’impose d’emblée comme «le plus grand centre de simulateurs professionnels accessible au public en Europe», communique le groupe.
Une offre large de simulateurs
Dans le détail, E-motion propose sept familles de simulateurs, de la Formule 1 en taille réelle avec un vrai volant de F1 (on doit même retirer le halo pour s’installer) aux reproductions de F4 utilisant de vraies coques, en passant par les GT et les simulateurs de rallye. Le Figaro s’est lui contenté de ne tester que deux de ses produits.
D’abord lors d’une course à trois pilotes à bord sur Assetto Corsa, l’une des pointures en matière de simulation automobile, au volant d’une Lotus Exos 125, monoplace semblable à une Formule 1 mais moins puissante, même si elle peut monter jusqu’à plus de 300 km/h.
Côté hardware, nous nous installons dans un siège baquet entouré d’une armature montée sur vérins, qui retransmet au mieux les mouvements de la voiture lancée sur le circuit. Le châssis embarque un package 100% Simucube, fabricant finlandais historique spécialisé dans le très haut de gamme en la matière : volant typé monoplace avec écran LED, base volant à retour de force et pédalier à capteur de pression, le tout offrant des sensations réalistes une fois la prise en main établie.
Du réalisme
L’expérience se révèle réaliste : dès les premiers tours sur le circuit de Spa-Francorchamps, la fatigue se fait sentir dans les bras sous l’effet des forces exercées par le volant. Le tracé belge, avec ses célèbres virages de l’Eau Rouge et du Raidillon, est reproduit avec une précision qui restitue les variations d’altitude et les compressions du circuit ardennais. La simulation sonore du moteur Cosworth de la Lotus Exos Type 125 permet de percevoir les montées en régime et de changer les rapports de vitesse au bon moment, exactement comme sur une vraie piste. Mais attention : toute sortie de piste se paie cash avec des secousses violentes qui rappellent brutalement que même en simulation, la précision reste de mise.
Les adeptes du Simracing apprécieront la qualité du retour de force offert par la base direct drive du volant (jusqu’à 25 Nm de couple), offrant un ressenti optimal en virage, associé aux mouvements du châssis monté sur vérins. On aurait toutefois aimé avoir la possibilité de désactiver les aides à la course (système anti-blocage des roues, contrôle de traction) pour une simulation encore plus immersive, et davantage de challenge.
Des statistiques à gogo
Clou du spectacle en fin de session, une analyse des données par télémétrie, est envoyée à chaque client et révèle chaque point de freinage, chaque accélération, permettant ainsi une progression méthodique. En regardant ses statistiques, Le Figaro a vite compris que la pratique pouvait devenir addictive.
Des statistiques acceptables pour les pilotes en herbes que nous sommes. Suffisante pour passer à l’étape supérieure et se mettre dans la peau d’Esteban Ocon, actuellement 9e du championnat de Formule 1. La fameuse voiture en vitrine du centre E-motion, est la sienne reproduite à l’identique. Après réglage du siège et positionnement allongé, l’immersion est saisissante.
Trois écrans entourent tout le cockpit, ce qui pour un novice donne tout son sens à l’expérience : nous sommes bel et bien sur la piste, cette fois-ci à Silverstone, en Angleterre. Les experts seront peut-être déçus par une sensation moins forte, tant du côté du volant, qu’au niveau du ressenti des mouvements dans la voiture, même si le positionnement très bas de l’ensemble offre une expérience totalement différente en termes d’immersion.
Niveau prix, il faudra débourser 19 euros pour 15 minutes de sessions avec la Lotus Exos 125, un abonnement de 189 euros par mois est également proposé pour piloter en illimité. Pour le simulateur immersif en Formule 1, c’est la vitesse supérieure : 100 euros pour 15 minutes.
Un tremplin pour devenir pilote ?
Au final, E-Motion ne veut pas être un centre d’arcade, mais bien un lieu pour découvrir le sport automobile. «C’est de l’entraînement», insiste l’entreprise. Le centre veut même être un tremplin vers la compétition réelle, sur de vrais circuits avec de vrais moteurs. Le championnat The Grid, organisé avec son partenaire Elf, permettra au meilleur pilote sur simulateur de décrocher un véritable volant pour 2026. Une place en GT4 au sein des écuries Schumacher, qui d’ailleurs utilisent déjà ces simulateurs pour l’entraînement de leurs pilotes professionnels.
Au cœur du projet d’E-Motion, on trouve les simulateurs développés par LP SIMU, assemblés en France par le pilote Louis Perrot. Celui-ci résume bien l’esprit du projet des simulateurs de la rue Réaumur. «Il n’avait pas les moyens, il a créé des centres de simulateurs, est devenu champion en la matière, puis notre président (du groupe CarLovers) lui a donné sa chance sur de vraies pistes», résume Laetitia Pouillard. Comme quoi, du simulateur au circuit asphalté, il n’y a qu’un pas.