Madagascar : des manifestations contre le pouvoir réprimées par les forces de l'ordre et émaillées de pillages

Un air de désolation plane sur la capitale malgache. Les dégâts sont encore visibles et les rues vidées par la fermeture de la plupart des commerces et des écoles, vendredi 25 septembre, au lendemain de manifestations contre le pouvoir réprimées par les forces de l'ordre et émaillées de pillages. Antananarivo a été placé jeudi soir sous couvre-feu nocturne par les autorités. Déployées en nombre, les forces de l'ordre ont quadrillé la ville une bonne partie de la journée de jeudi pour empêcher des manifestants de se rassembler en réponse à un appel à descendre dans la rue, relayé par les réseaux sociaux, pour protester contre les coupures incessantes d'eau et d'électricité.

Reprenant à leur compte le drapeau pirate tiré de la série japonaise "One Piece" et signe de ralliement de mouvements de contestation anti-régime, y compris en Indonésie ou au Népal, les manifestants ont répondu à un appel à la mobilisation en ligne. Au-delà de ces coupures, ils réclament également le respect de leurs droits fondamentaux, certains dénonçant la "corruption" ou "le manque de transparence de nos dirigeants". Le rassemblement avait été interdit par le préfet d'Antananarivo. Malgré le déploiement des forces de sécurité et le recours répété à des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc, la situation a dégénéré jeudi après-midi et dans la soirée.

Aucune réaction du président malgache pour le moment

Les domiciles de trois parlementaires proches du pouvoir ont été embrasés et des manifestants ont caillassé les pompiers tentant d'éteindre les flammes touchant la maison de la sénatrice Lalatiana Rakontondrazafy, nommée en début d'année par le président. Outre des commerces et des agences bancaires, une station du téléphérique - un des projets phare du gouvernement récemment inauguré - a également été incendiée. En déplacement cette semaine à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU, le président malgache Andry Rajoelina ne s'était toujours pas exprimé sur la situation dans la capitale vendredi à la mi-journée.

L'ambassade de France a "fortement conseillé de rester à domicile et d'éviter tout déplacement la journée de vendredi" y compris à Antsirabé, la troisième ville de la grande île de l'océan Indien. "D'autres manifestations et troubles sont à prévoir et pourraient s'étendre à d'autres régions de Madagascar", prévient quant à lui le ministère des Affaires étrangères britannique.