Retailleau ou Wauquiez ? Les Républicains élisent leur nouveau chef avec l'Élysée en ligne de mire
Après trois mois de campagne, les plus de 120 000 adhérents des Républicains sont appelés, dimanche 18 mai, à départager les deux candidats à la présidence de leur parti, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, une élection interne qui pourrait propulser le vainqueur dans la course à l'Élysée.
Les adhérents, qui ont commencé à voter samedi en fin d'après-midi par internet, ont jusqu'à 18h00 pour désigner celui qui prendra le poste vacant depuis que l'ancien patron Eric Ciotti a choisi il y a près d'un an de s'allier au RN lors des législatives anticipées.
C'est la secrétaire générale du parti Annie Genevard, également ministre de l'Agriculture, qui annoncera les résultats en fin d'après-midi au siège parisien des Républicains.
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L'issue du scrutin n'est pas scellée : en passant de 43 859 à 121 617 adhérents en l'espace de deux mois, LR a vu son corps électoral gonfler soudainement. Sans savoir à qui profiteront ces recrutements, menés tambour battant par les deux candidats.
Laurent Wauquiez s'est rendu à la permanence LR du Puy-en-Velay, samedi peu avant 18h30, en costume cravate. Il s'est livré en quelques minutes à un vote électronique sur un ordinateur portable posé sur une table.
"A voté", a-t-il dit, souriant, se disant "extrêmement confiant (et) en pleine forme". "J'ai fait une campagne à la Chirac : en allant partout, en transmettant mon énergie, ma passion, ce que je veux porter à notre famille politique", a-t-il affirmé.
Laurent Wauquiez se montre confiant: "Je vais créer la surprise", a-t-il également annoncé au Figaro.
"Créer la surprise"
Une large victoire donnerait au vainqueur un argument de poids pour se lancer dans la course à l'Élysée à droite.
Un succès étroit, au contraire, lui compliquerait la tâche pour s'imposer face à des rivaux comme l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, le favori des sondages, voire des soutiens de Bruno Retailleau, à l'image du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand ou le maire de Cannes David Lisnard, qui demandent des primaires ouvertes à droite, alors que le Vendéen veut limiter le vote aux adhérents LR.
En meeting à Marseille samedi, Édouard Philippe a réservé ses attaques au député de Haute-Loire.
"Les Français ne sont pas dupes de ceux qui font du trumpisme aux petits pieds en rêvant de ressusciter le bagne du comte de Monte Cristo à Saint-Pierre-et-Miquelon", a ironisé Edouard Philippe, dans un tacle à Laurent Wauquiez, qui a proposé d'envoyer sur cette île les "étrangers dangereux" faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire (OQTF).
"Ce qui me fait plaisir, c'est qu'il a bien compris que moi, je ne ferais pas du tout du en même temps", lui a répondu Laurent Wauquiez.

Le candidat de la droite et du centre "devra être désigné au cours d'une grande primaire ouverte, de Renaissance aux Républicains", a exigé dimanche dans Ouest-France le centriste Hervé Morin, porte-parole de Nouvelle Énergie, le parti du maire de Cannes.
Laurent Wauquiez ne veut pas entendre parler non plus de primaire ouverte et n'a cessé d'agiter le danger d'une "dilution de la droite dans la macronie" si son président avait une double casquette avec Beauvau, évoquant des "bruits" sur un accord électoral avec Édouard Philippe.
Un match retour ?
Le député de Haute-Loire a d'ailleurs pris les devants, demandant d'ores et déjà un match retour avec Bruno Retailleau l'an prochain pour désigner le candidat LR à l'Elysée.
"De grâce, n'ayons pas tout de suite des obsessions présidentielles qui nous ont coûté cher!", a répliqué le Vendéen, qui s'est engagé à rester à Beauvau s'il l'emportait, assumant "être un ministre politique, pas un ministre techno".
Pendant ces trois mois de campagne, le patron des députés LR a fait feu de tout bois avec des propositions très droitières comme l'envoi des étrangers dangereux sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon, "l'arrêt de l'assistanat" en limitant le RSA à deux ans ou encore la création d'"un cordon sanitaire" autour de LFI.

Il a aussi érigé en "modèle pour la droite" l'ultraconservatrice italienne Giorgia Meloni et plaidé pour un rassemblement de la droite allant du garde des Sceaux, l'ex-LR Gérald Darmanin, à l'eurodéputée zemmouriste Sarah Knafo (à l'exclusion du RN et de ses alliés).
Omniprésent sur l'immigration, Bruno Retailleau, a évité de répondre aux propositions de son rival, mais a multiplié les mesures en tant que ministre de l'Intérieur, resserrant les critères de naturalisation des étrangers et appelant à un bras de fer pour que l'Algérie reprenne ses ressortissants frappés d'une obligation de quitter le territoire... sans succès.
Avec AFP