Ligue des champions : PSG-Brest, une question de fierté
Terminer le travail avec sérieux pour les uns, sortir la tête haute pour les autres. Tels seront les enjeux de ce barrage retour de Ligue des champions entre le PSG et Brest, ce mercredi (21h), au Parc des Princes. «Si on peut imaginer gagner 4-0 au Parc (rires)», s’amusait Éric Roy la semaine passée, à Guingamp, évoquant une «mission impossible». Mauvais calcul : avec une victoire par trois buts d’écart, les Bretons, battus 0-3 à Guingamp la semaine passée, pousseraient leurs hôtes parisiens en prolongation et aux tirs au but si affinités. Le coach breton a révisé sa leçon depuis : «Ce serait de marquer à la 2e, la 10e et la 89e, comme ça, on fait la prolongation et les tirs au but après (sourire)». Pas sûr que ce soit plus réaliste, même si on a appris à être prudent avec Paris. Le Barça (2017), Manchester (2019) ou le Real (2022) l’ont montré.
Luis Enrique est bien placé pour le savoir, lui qui était à la tête du FC Barcelone lors de la remontada. «C’est un match piège. Malgré ce très bon résultat à l’aller, notre travail est de considérer que la victoire est obligatoire», jure-t-il, lui qui n’est «jamais détendu» avant un match. Éric Roy a aussi de bons souvenirs en la matière : «J’ai joué un match où je perdais 0-4 à la mi-temps et j’ai gagné 5-4 (avec l’OM contre Montpellier, NDLR). Donc 3-0, avec 90 et pas 45 minutes à jouer, c’est dans mes cordes. Si j’arrive à le transmettre à mes joueurs, on ne sait jamais (rires).»
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Brendan Chardonnet et compagnie n’évoluent toutefois pas au même niveau que ces clubs, sans leur manquer de respect. Les imaginer en bourreau du PSG relève du fantasme. Surtout ce PSG-là, «une véritable équipe», comme le répète à l’envi Éric Roy, qui en fait «l’un des quatre ou cinq favoris en C1». Luis Enrique a en effet donné de la sérénité et de la confiance en intraveineuse aux Rouge et Bleu. Marquinhos et ses petits camarades sont sûrs de leur fait, sûrs de leur jeu, sûrs d’eux-mêmes en fait. Certes, l’effectif reste très jeune. Mais les champions de France en titre, invaincus depuis Munich le 26 novembre, encore en lice en Coupe de France et solides leaders au classement de L1, dégagent une assurance qu’on ne leur connaissait pas ou plus depuis des années. Une équipe à Paris, avec toujours la même intensité, la même force collective et le même potentiel offensif, quels que soient les joueurs.
Maintenir le niveau d’exigence
Les Parisiens ne sont toutefois pas des machines. Ils sont humains. Et comme le reste de la planète football, ils savent que leur place en huitièmes de finale est déjà quasi assurée. Assez pour imaginer un turnover de Luis Enrique et/ou des joueurs qui abaisseraient un peu la garde, au moins inconsciemment ? Peut-être que oui, peut-être que non. Le coach espagnol tirera sur toutes les ficelles afin de maintenir le niveau d’exigence de ses troupes. «C’est dur de jouer contre Brest et ce ne sera pas un match facile. Dans une compétition aussi brève que la C1, on ne peut pas penser que les choses sont déjà faites. On sera préparés. La question est de savoir si Brest est capable de retourner la situation. Ils l’ont déjà fait quelques fois contre nous. Notre objectif, c’est que ça n’arrive pas», martèle-t-il.
Reste à savoir dans quel état d’esprit seront les Brestois. Déjà la tête à la fin de saison en championnat et en Coupe de France ? Ou avec l’envie de sortir avec la tête haute de leur campagne européenne ? Peut-être même se prendront-ils à rêver à un exploit, pourquoi pas. Dans tous les cas, le Stade brestois a déjà fait le boulot, et plus que cela, en accédant aux barrages, avec quatre victoires (Graz, Salzbourg, Prague, Eindhoven) et même un nul contre les champions d’Allemagne sortants de Leverkusen (1-1). Personne ne leur en voudrait de terminer sur une quatrième défaite de rang, après le Shakhtar (0-2), le Real (0-3) et Paris (0-3) à l’aller. Zéro pression. Tout à gagner, alors que Paris a tout à perdre. «Si on pouvait faire ne serait-ce qu’un bon résultat, accrocher cette équipe du PSG, et si ça doit se finir demain de cette manière, ce serait satisfaisant pour tous les supporters brestois», résume Éric Roy.
Ses joueurs ont toutefois leur fierté. Et leurs qualités, leur audace, leu jeu. Ne partant «pas défaitistes», dixit Massadio Haïdara, ils n’ont d’ailleurs pas démérité il y a huit jours, avec plusieurs temps forts et trois montants… mais une efficacité nulle. «On n’a pas trop les dieux du foot avec nous en ce moment. Si on souffre depuis quelques semaines pour que tout s’aligne (ce mercredi), pourquoi pas, mais c’est ce qu’il faudra, c’est sûr», glisse Roy.
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Écrire l’histoire
Gagner au Parc, ce serait aussi l’occasion pour les Bretons d’écrire l’histoire. Brest n’a plus battu Paris depuis 1985, soit une série de 31 matchs sans victoire ! Avant le barrage aller, le PSG avait en outre encaissé neuf buts sur les six dernières confrontations entre les deux équipes. Des matchs souvent accrochés, disputés, voire qui ont basculé dans les derniers instants en faveur des Parisiens. Ou pas d’ailleurs, avec ce nul au Parc (2-2), début 2024, en L1.
Question de fierté pour les Brestois ? Les joueurs du PSG ont la leur aussi. Et ils n’ont certainement pas envie de casser leur belle dynamique sous les yeux de leurs supporters, sur leur pelouse, dans leur antre. Ni de douter et de donner le moindre espoir aux visiteurs. Tout cela devrait donc offrir une rencontre animée et agréable, comme c’est souvent le cas entre les deux équipes. Et ce même si l’issue de la double confrontation ne fait que peu de doute. Rappelons que le vainqueur retrouvera Liverpool ou le Barça en huitièmes, avec un match aller en France (4 ou 5 mars) et le retour à Anfield ou Montjuïc (11 ou 12 mars). Tirage vendredi. Une date déjà cochée dans le calendrier des Parisiens, passés par un trou de souris au premier tour et qui n’ont jamais manqué les huitièmes depuis 2013.