Ombrières sur la place Bellecour : à Lyon, des riverains vent debout contre le projet

«Bricoles de tissus», «matériel pour casseurs», «projet coûteux et inutile». Près de 200 personnes se sont réunies lundi soir dans la mairie du 2e arrondissement de Lyon pour une réunion publique sur l’installation d’une œuvre éphémère sur la place Bellecour à partir de juillet 2025. Un événement organisé par Pierre Oliver, le maire LR du 2e arrondissement, farouchement opposé au projet, qui a rapidement pris la forme d’une mobilisation générale des opposants à ces ombrières. 

Valentin Lungenstrass, élu du 2e arrondissement et adjoint au maire de Lyon chargé des Mobilités, a tant bien que mal, et assez courageusement face à une audience hostile, tenté de défendre cette œuvre de 1500m2. Pointant le «mensonge» de la majorité écologiste, «l’absence de végétation», et le «coût d’1,6 million d’euros» de l’œuvre d’art, Pierre Oliver a lui regardé, avec un certain plaisir, son opposant politique être malmené.

Une foule dense s’était réunie ce lundi dans la mairie du 2e arrondissement pour cette réunion publique sur le projet d’œuvre d’art place Bellecour. J.B/Le Figaro

«Des armes comme en mai 68»

«Est-ce le bon moment pour dépenser cette somme alors que Lyon est dans un état déplorable ?», a questionné une riveraine. «Ne serait-il pas préférable d’utiliser ce montant pour de la vidéosurveillance ?», a ajouté un autre. «Bellecour est le point d’arrivée de nombreuses manifestations. On va donner des armes à ces gens-là comme en 68. On a supprimé beaucoup pavés à Lyon depuis cette époque et là on va mettre des tas de choses qui pourront devenir des armes de combat ?», s’est inquiété un troisième. Un dernier a enfin questionné l’impact réel de cette œuvre sur l’ombre, d’ailleurs peu présente sur les visuels : «Bellecour est une place minérale de 6000m2, et je doute fortement que ces toiles fassent baisser sa température»

Autant de questions auxquelles Valentin Lungenstrass s’est efforcé de répondre, expliquant que les «1,6 millions étaient prévus dans le budget participatif» déjà voté depuis deux ans, et que les matériaux de l’œuvre ont «tous été doublement testés quant à leur résistance au feu et à leur stabilité». Sur l’efficacité des ombrières, l’adjoint a convenu que les visuels, sur lesquels se sont pourtant basés les membres de la commission d’appel d’offres, «n’étaient pas optimum», mais a assuré que l’ombre sera bien présente sous les toiles tendues. Une seule riveraine, présente lundi soir, a pris la parole pour défendre cette œuvre : «dans le privé j’entends beaucoup de gens ici se plaindre de ne pas avoir assez d’ombre en ville comme on peut en trouver à Séville ou Madrid. Moi je crois que ce projet est une bonne chose.»

96% de réponses négatives lors d’une consultation locale

Pas vraiment de quoi rassurer les riverains présents, tous prêts à s’engager contre cette œuvre d’art au côté de Pierre Oliver. Ce dernier a d’ores et déjà lancé une consultation en ligne avec la question «Quelle est votre opinion générale du projet ?». 59% des participants ont répondu «très négative » et 37% «négatives pour seulement 4% de positives et très positives». Le maire du 2e arrondissement indique par ailleurs avoir saisi le ministère de la Culture et la préfecture pour faire annuler cette installation et promet déjà d’aller devant les tribunaux s’il n’obtient pas gain de cause auprès des services de l’État.