ZFE : l’Allemagne fait marche arrière en supprimant 11 zones à faibles émissions

C’est le sujet du moment. Il ne se passe plus une seule journée sans que l’on parle des fameuses zones à faibles émissions (ZFE) mises en place dans différentes villes de pays européens pour réduire les émissions de particules fines et améliorer la qualité de l’air. Ces ZFE interdisent de circulation les véhicules les plus anciens, ceux qui rejettent le plus de particules. Des vignettes ont été mises en place pour classer les véhicules en fonction de leur pollution. Chaque pays a son propre système.

Partout en Europe, le sujet cristallise les mécontentements. Non seulement les automobilistes ne peuvent souvent pas se passer de leurs véhicules en raison bien souvent de l’absence de solutions de transport alternatives ou d’un métier itinérant mais aussi de l’impossibilité de changer de véhicule par manque de moyens. En France, des citoyens en colère n’ont pas hésité à interpeller directement leurs députés. Face à la levée de boucliers un peu partout en France, des députés de plusieurs sensibilités politiques ont ainsi demandé un moratoire sur les ZFE. Dans les colonnes du Figaro, le Premier ministre François Bayrou n’a pas caché que «cette grande émotion venait du fait que ce sont les plus pauvres, ceux qui n’ont pas les moyens, qui habitent loin, qui vont être victimes de ces exigences.» Et de poursuivre : «Je suis certain qu’on doit chercher et qu’on peut trouver un équilibre différent.» Comprenne qui pourra.

Moins de dioxyde d’azote et de particules fines

De l’autre côté du Rhin, les Allemands respirent. Dans différents Land, les élus locaux n’ont pas attendu que la tension monte. Depuis la fin de l’année dernière, Hanovre, Mannheim, Mühlheim, Heidenheim an der Brenz, Heilbronn, Herrenberg, Leonberg, Reutlingen, Tubingue, Neu-Ulm et Ulm ont supprimé leurs zones à faibles émissions. Tout véhicule peut donc circuler dans ces villes et y stationner, quel que soit son taux d’émission de CO2. Il ne reste ainsi plus que 37 «Umweltzone» (zone à faibles émissions) dans l’ensemble du pays. En France, la dynamique est bien différente. Toutes les métropoles de plus de 150.000 habitants devront avoir créé une ZFE courant 2025.

Pour faire valoir la suppression des zones à faibles émissions dans 11 villes, l’Allemagne fait valoir une amélioration considérable de la qualité de l’air ces dernières années. L’agence fédérale pour l’environnement, l’«Umweltbundesamt», constate une chute des niveaux de dioxyde d’azote et de particules fines dans les villes concernées. Leurs taux sont désormais inférieurs aux seuils européens. À Tubingue, par exemple, la quantité de particules fines est passée de 350 000 tonnes émises par an en 1995 à moins de 200.000 en tonnes en 2021. Même dynamique pour les niveaux de dioxyde d’azote. Ils ont chuté de 50% entre 1995 et 2021. Il y a là matière à s’interroger. Pourquoi ce qui serait valable en Allemagne ne le serait pas en France ?