Aux États-Unis, l'Oklahoma inclut dans des programmes scolaires l’idée d'une présidentielle 2020 truquée
L’État de l’Oklahoma réactualise son programme scolaire tous les six ans, comme le prévoit la loi. Ainsi, les lycéens devront désormais identifier, selon les termes du projet, "les disparités d’analyse" autour de l'élection présidentielle de 2020, que le démocrate Joe Biden avait remportée face à son rival républicain, le président sortant (à l'époque), Donald Trump.
Les élèves seront amenés à réfléchir à des sujets comme "l’arrêt soudain du dépouillement dans certaines villes des États-pivots", c’est-à-dire les États décisifs pour l’élection. Parmi les autres thèmes figurent les risques liés au vote par correspondance, ou encore le nombre sans précédent d’électeurs en 2020. Autant d’arguments régulièrement avancés par ceux qui dénoncent une fraude électorale. Le nouveau programme ne formule pas explicitement ces accusations, mais oriente les élèves dans cette direction.
Un projet porté par un élu conservateur
Ce programme n’émane pas du gouverneur, mais de Ryan Walters, superintendant de l’éducation, un poste auquel il a été élu. Ce responsable républicain, soutien déclaré de Donald Trump, s’était déjà illustré en proposant d’imposer la présence de Bible dans chaque salle de classe, une affaire encore en cours devant les tribunaux. "Nous voulons que les lycéens pensent par eux-mêmes sans être gavés de propagande gauchiste", affirme-t-il. "Ils méritent d’examiner chaque aspect de nos élections, y compris les doutes légitimes soulevés par des millions d’Américains en 2020".
Plusieurs médias relèvent par ailleurs que la partie du programme consacrée à la reprise économique post-pandémie et à la loi sur les infrastructures portée par Joe Biden disparaîtrait du nouveau cursus. À l’inverse, les sections sur la crise migratoire à la frontière mexicaine ou le début de la guerre en Ukraine seraient maintenues.
Un programme soutenu par les conservateurs, critiqué par l’opposition
Les changements proposés sont soutenus par l’association conservatrice Moms for Liberty, qui a fait pression sur les sénateurs pour qu’ils ne modifient pas le programme. L’organisation a mis en garde contre une éventuelle sanction électorale visant les "républicains faibles" en cas d’opposition.
De leur côté, les démocrates dénoncent une tentative de réécriture idéologique de l’histoire. Un élu de la Chambre des représentants accuse Ryan Walters d’hypocrisie : après avoir fait campagne contre l’endoctrinement à l’école, il ferait selon lui exactement la même chose, mais au service de son idéologie.
Une validation encore incertaine
Une association d’historiens estime, quant à elle, qu’il est pertinent d’explorer les raisons pour lesquelles ces accusations de fraude circulent, mais qu’en traiter certaines comme des faits avérés revient à faire perdre du temps aux élèves.
Le programme doit encore être validé par le parlement local. Toutefois, même le gouverneur républicain de l’État, pourtant issu du même camp que le superintendant, s’est opposé au projet. Il y voit une "distraction", au moment où l’Oklahoma figure parmi les États les moins bien classés du pays en matière d’éducation : 48e sur 50.