Ligue des champions : PSG, 90 minutes pour vivre

L’heure de vérité. Au terme de ces 90 minutes à la MHPArena, face au VfB Stuttgart, le PSG saura ce qu’il en est de sa saison européenne. Tout blanc ou tout noir. Soit les Parisiens rejoignent Monaco, Lille et Brest de l’autre côté de la barrière, soit leur campagne 2023-24 en Ligue des champions s’arrêtera là. «Un match vital», résume le revenant Lucas Hernandez. Certes, le club de la capitale est tourné vers le futur, confiant quant au bien-fondé de son projet, Nasser Al-Khelaïfi affirmant sur tous les tons et à qui veut bien l’entendre que rien ne changerait en cas d’élimination prématurée. Mais une sortie de piste à l’issue de la première phase de cette C1 nouvelle formule ferait mauvais genre… C’est tout l’enjeu de cette rencontre de la dernière journée.

Plus de 800 M€ de budget, un entraîneur tout-puissant et ne pas terminer dans le Top 24 européen ? Certes, Paris n’a pas eu la main heureuse au tirage, avec notamment quatre «gros» (Arsenal, Bayern, Atlético, City). C’est vrai. Mais on ne trouvera personne pour plaindre une équipe qui n’a pas été fichue de venir à bout du PSV Eindhoven (1-1) et de joueurs qui ont été piégés comme des bleus par l’Atlético (1-2). «Injuste», dira Luis Enrique, enfermé dans son dogme et ses certitudes. Ou prévisible, c’est selon. Le fruit d’un recrutement incomplet et d’un projet qui interroge. Encore que, c’est peut-être le coach espagnol qui aura raison au final. La renversante victoire face à Manchester City (4-2), mercredi dernier, après avoir été mené 0-2, a remis le PSG sur les rails. Et renforcé le crédit de «Lucho». Une remontada porteuse d’espoir et qui a permis de remonter à la 22e place au classement.

Un nul suffit

D’une situation critique, Paris est passé à un scénario nettement plus favorable avec 10 points et une différence buts positive (+2). Juste devant le VfB Stuttgart (24e, 10 pts, -1). Mais tout reste à faire. Une victoire et le PSG, qui a le bonheur d’avoir son destin entre ses mains, est en barrages. Un nul ? Même chose. Et même en cas de défaite, la qualification resterait possible. Et ce en espérant une défaite de Benfica (21e, 10 pts, +2, en déplacement à la Juve) et du Sporting (23e, 10 pts, -1, contre Bologne), ou encore que City (25e, 8 pts, +2, contre Bruges) et le Dinamo Zagreb (26e, 8 pts, -8, contre l’AC Milan) et le Shakhtar Donetsk (27e, 7 pts, -6, à Dortmund) ne gagnent pas.

Vainqueur de son dernier match européen sur le terrain du Slovan Bratislava (1-3), le VFB n’a gagné qu’un de ses trois matchs à la maison en C1 jusqu’ici, le dernier en date, contre les Young Boys (5-1), avec un nul contre le Sparta Prague (1-1) et une défaite face à l’Atalanta (0-2). Quatrièmes au classement de Bundesliga après leur revers à Mayence (2-0) samedi, les joueurs de Sebastian Hoeness joueront leur peau aussi. Tension maximale. Ou petit arrangement entre amis ? Sauf à imaginer un improbable carton du Shakhtar à Dortmund, un nul qualifierait les deux équipes. «On n’a encore rien fait, on doit gagner demain (mercredi)», martèle Luis Enrique, qui n’a pas du tout envie de calculer. «Les deux équipes voudront gagner», abonde Hernandez.

Le grand 8 de Dembélé

À noter que le PSG sera privé de Nuno Mendes, suspendu, ce qui devrait profiter à Lucas Hernandez, ainsi que de sa nouvelle recrue Khvicha Kvaratskhelia, non qualifié pour la phase de ligue. Le jeune (16 ans) Ibrahim Mbaye est, lui, scotché à l’infirmerie. Luis Enrique dispose toutefois des armes pour venir à bout d’Enzo Millot, Anthony Rouault et compagnie. Reste à savoir quel PSG se présentera à la MHPArena : celui, frustrant et inefficace, qui s’est mis dans la panade, ou celui, brillant et inspiré, qui a renversé les joueurs de Pep Guardiola ? En d’autres termes, le Paris Saint-Germain a-t-il connu un vrai déclic contre Manchester City ou s’est-il offert un simple sursis ? Il y a fort à parier que le manque de buteur référent jouera des tours aux champions de France tôt ou tard sur la scène européenne. Quatre buteurs à 12 buts qui vaudraient mieux qu’un joueur à 40, ça va dans l’esprit de Luis Enrique, pas dans la vraie vie. En L1, ça passe. Face aux meilleurs en C1, non.

Et ce même si Ousmane Dembélé navigue sur un rythme inédit pour lui, huit buts sur ses sept dernières sorties. Il faut croire que les Patek et les Rolex motivent l’ailier tricolore... Plus sérieusement, l’ancien Barcelonais a clairement passé un cap en matière d’efficacité. De là à l’imaginer dans le costume du buteur à sang froid, il y a peut-être quand même de la marge.

Paris est magique ?

On peut aussi légitimement se demander dans quelle mesure ce résultat de mercredi est dû à l’adverse. Manchester City est coutumier de ce genre d’effondrement, à l’image du nul contre Brighton (2-0, puis 2-2) en Premier League ou à Rotterdam (3-0, puis 3-3), en C1. Coincé entre deux matchs de Ligue des champions, avec des cadres ménagés (Marquinhos, Hakimi), six changements dans le 11 et la tête sans doute déjà en Allemagne, le nul contre Reims (1-1), samedi, ne doit pas inquiéter les fans parisiens outre-mesure. La réponse viendra en Ligue des champions. Au moins le temps d’un soir, Paris est redevenu magique. Il faut le rester. Et conclure à Stuttgart.