«On est à un moment critique» : le PDG de la SNCF appelle à investir un milliard d’euros de plus par an dans le réseau

Alors que de violents orages ont occasionné des inondations et provoqué des dégâts sur la ligne ferroviaire Bordeaux-Toulouse en début de semaine, Jean-Pierre Farandou tire la sonnette d’alarme. Ce jeudi, sur BFMTV, le patron de la SNCF a appelé à investir «un milliard d’euros de plus par an pour maintenir en état» le réseau ferroviaire. «Il faut prendre des décisions, on est à moment critique» a-t-il estimé. Grâce à cette somme, «on pourra développer les trains», a ajouté le PDG de la compagnie ferroviaire. «Les Français en ont envie car tous nos trains sont pleins.»

En tout, ce sont 4,5 milliards d’euros par an qui sont nécessaires afin d’éviter de voir le réseau se dégrader, selon Jean-Pierre Farandou. Le contrat de performance sur 10 ans entre l’État et SNCF Réseau permet pour l’heure de stabiliser les investissements à hauteur de 3 milliards d’euros par an entre 2021 et 2030. SNCF Réseau assure de son côté investir 500 millions d’euros par an. Reste donc un milliard d’euros à trouver. Si cet investissement n’est pas mis sur la table, selon le PDG de la SNCF, c’est la porte ouverte à «la spirale négative». Il affirme que ce serait alors 4000 kilomètres de lignes qui se retrouveraient abîmés dès 2028, et 10.000 kilomètres en 2032, avec des pannes, des retards et des ralentissements à prévoir.

Selon lui, des pistes de financement existent afin de trouver ce milliard d’euros annuel. En premier lieu, une taxe sur les poids lourds, qui rappelle, même s’il ne la nomme pas, l’écotaxe. Et de citer l’exemple de l’Allemagne, qui cherche à rattraper son retard d’investissement dans son réseau, alors que plus de quatre trains sur dix sont en retard outre-Rhin. Berlin a décidé de mettre en place cette contribution sur les poids lourds circulant sur les routes nationales allemandes, «qui rapporte 8 milliards d’euros» selon le PDG de la SNCF.

Appel à une écotaxe sur les camions en transit

En France, l’écotaxe est un projet vieux de dix ans, enterré par l’État face à la fronde des bonnets rouges en Bretagne en 2013. Jean-Pierre Farandou déplore le fait que la France récolte toutes les «nuisances» des camions en transit, mais aucune recette. «Ils font le plein au Luxembourg, nous traversent […] Ils polluent et défoncent les routes.» Pour le dirigeant de la SNCF, cette taxe serait «une forme de contribution à l’usage du patrimoine français». La cible serait dans son esprit les camions en transit, et non les camions appartenant à des sociétés de transport françaises. Cette piste avait aussi été mise avant par François Durovray, alors ministre des Transports, en septembre 2024.

Le PDG de la compagnie ferroviaire publique a également donné sur BFMTV deux autres pistes, l’une concernant le futur des concessions autoroutières, qui arrivent à leur terme au cours de la prochaine décennie. L’idée étant, selon Jean-Pierre Farandou, d’imposer une redistribution financière en faveur du réseau ferroviaire. Il appelle aussi à utiliser les dispositifs fiscaux européens de compensation carbone (ETS) pour financer le transport routier, ainsi que les certificats d’économie d’énergie. De quoi alimenter les débats qui ont lieu en ce moment à l’occasion de la conférence «Ambition France Transports», organisée par l’exécutif et dédiée au financement des infrastructures de transport, qui a démarré le 5 mai dernier et doit durer dix semaines.