Affaire Jegou-Auradou : la justice argentine prononce officiellement un non-lieu pour les deux joueurs français
Après de nombreux reports d’audiences et autres recours procéduraux de l’avocate de la plaignante, la justice argentine rendait, enfin, ce mardi sa décision concernant la demande d’abandon des poursuites déposée par les avocats d’Hugo Auradou et Oscar Jegou, les deux rugbymen français inculpés de viol aggravé début juillet.
La juge Eleonora Arenas, qui avait mis sa décision en délibéré fin novembre, a rendu son verdict ce mardi lors d’une audience à huis clos au pôle judiciaire de Mendoza.
«L’acte (sexuel) était consenti, aucun crime n’a été commis et il ne fait aucun doute qu’ils sont innocents», a déclaré l’avocat argentin des deux joueurs français, Me German Hnatow, à l’issue du délibéré. «La réhabilitation judiciaire est acquise», s’est félicité l’avocat parisien des joueurs Me Antoine Vey, «les deux joueurs ont été victimes de fausses accusations».
La plaignante dispose de trois jours pour faire appel.
«Le juge vient d’ordonner l’acquittement des joueurs, estimant que cet acte ne constituait pas un délit», a déclaré de son côté à Reuters l’avocat principal des joueurs français, Rafael Cuneo Libarona. «Le non-lieu n’est pas dû à un doute, mais au fait que le délit n’existait pas.»
Le parquet avait plaidé, il y a deux semaines, pendant près de trois heures pour un non-lieu, c’est-à-dire de l’abandon des poursuites, comme il l’avait annoncé en octobre, à l’issue de l’instruction. L’avocat des joueurs Rafael Cuneo Libarona a plaidé dans le même sens.
Le lendemain, Me Natacha Romano, avocat de la plaignante, s’est, elle, exprimé longuement, après quoi la défense des joueurs avait «droit de réponse et au dernier mot», avait prévenu la juge Eleonora Arenas, présidant l’audience.
D’après le Code pénal argentin, ce non-lieu signifie la mise hors de cause absolue des accusés. La plaignante dispose toutefois de trois jours pour faire appel. Ce qui sera très probablement le cas, son avocate, Natacha Romano, l’a annoncé à plusieurs reprises en amont de ce verdict. Attendant beaucoup du changement de juridiction, et donc de juge, dont elle avait demandé à deux reprises la récusation.
Selon le Code pénal argentin, une confirmation du non-lieu en appel refermerait «définitivement et irrévocablement» le processus judiciaire et signifierait «le classement sans suite du dossier». Soit la mise hors de cause définitive des deux prévenus.
« Il ressort clairement que l’accusation initiale a perdu de sa force »
Le parquet argentin
Hugo Auradou et Oscar Jegou étaient inculpés pour des faits présumés de viol aggravé, car commis en réunion, survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d’hôtel de Mendoza (où le XV de France venait de jouer un test-match contre l’Argentine). Ils encourraient de 8 et 20 ans de prison s’ils avaient été reconnus coupables.
Si les joueurs n’ont jamais contesté avoir eu des relations sexuelles avec la plaignante, ils ont toujours affirmé que cette dernière était consentante. Ce qu’elle niait. Mais, au fil de l’instruction, de nombreuses contradictions dans son récit ont fragilisé sa version des faits. «Il ressort clairement (...) que l’accusation initiale a perdu de sa force», avait relevé le parquet début septembre en autorisant le retour en France des joueurs.