Cet article est issu du «Figaro Magazine»
Selon Albert Speer, l’architecte du IIIe Reich, quand, en février 1942, Berlin a appris le suicide de Stefan Zweig et de son épouse, le petit monde nazi a fêté la fin tragique de l’auteur du Monde d’hier comme une victoire politique. Hideuse satisfaction des barbares comme oraison funèbre. Quelques semaines plus tôt, l’écrivain en exil au Brésil s’était rendu à Barbacena, dans la ferme de la Croix-des-Ames où vivait depuis des années Georges Bernanos. «Le romancier des ténèbres» face à l’écrivain des Lumières, le catholique à la réputation d’antisémite devant le Juif fuyant le nazisme. De cette entrevue, nous ne savons rien, mais voilà plus de vingt ans qu’elle hante Sébastien Lapaque.
L’écrivain, critique littéraire au Figaro, a grandi depuis son plus jeune âge à l’ombre de Bernanos. Cette passion en a déclenché une autre, celle du Brésil, un pays comme une promesse qui tient dans ses bras grands ouverts les couleurs, le mouvement, les sensations…