Commémoration des 80 ans de la libération d'Auschwitz : ce qu'il faut savoir de la cérémonie

Le 27 janvier 1945, l'armée soviétique entrait dans le camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, et découvrait l'horreur de la Shoah. L'Allemagne nazie avait alors exterminé six millions de juifs européens, dont un million sont morts dans ce camp entre 1940 et 1945, souligne le musée d'Auschwitz sur son site. Quatre-vingts ans plus tard, le monde s'apprête à commémorer la libération du camp lors d'une cérémonie à laquelle de nombreux dirigeants ont prévu d'assister. Voici le programme des célébrations.

Une cérémonie en l'honneur des survivants

Selon le programme détaillé sur le site du mémorial d'Auschwitz, la cérémonie principale débutera à 16 heures sous une tente érigée au-dessus du portail d'entrée de l'ancien camp nazi. L'événement sera retransmis en direct par la télévision polonaise, ainsi que sur le site du musée. "Il n'y aura pas de discours d'hommes politiques", a fait savoir Pawel Sawicki, le porte-parole du musée, interrogé par l'AFP.

Tous les survivants d'Auschwitz ont été invités à cette commémoration, et au moins une cinquantaine seront présents. Il pourrait s'agir du dernier grand anniversaire réunissant un groupe important de survivants : "Nous savons tous que dans dix ans, pour le 90e anniversaire, il ne sera plus possible d'avoir un groupe aussi important", selon Pawel Sawicki. C'est pourquoi la cérémonie se concentrera "sur les survivants et leur message".

Une cinquantaine de chefs d'Etat présents

Des délégations de 54 pays sont attendues pour l'anniversaire de la libération du camp. Emmanuel Macron se rendra l'après-midi à Auschwitz pour assister aux cérémonies, a annoncé l'Elysée vendredi. Le président de la République sera accompagné du ministre délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad. La maire de Paris, la socialiste Anne Hidalgo, se rendra également sur place accompagnée d'une délégation d'élus parisiens.

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier et le chancelier Olaf Scholz seront également présents, tout comme les présidents italien, autrichien, bulgare, tchèque, estonien ou finlandais. Selon Ouest-France, le Premier ministre démissionnaire canadien Justin Trudeau assistera également aux cérémonies, mais pas Donald Trump, qui enverra une délégation comprenant notamment son ministre du Commerce, Howard Lutnick.

Le roi Charles III sera lui présent, a annoncé Buckingham Palace. Il s'agit de la première visite du souverain britannique au camp d'Auschwitz-Birkenau, qui rencontrera par ailleurs le président polonais Andrzej Duda. Avant les commémorations, il échangera avec des habitants de la ville de Cracovie. Sa mère, la reine Elizabeth II, avait elle visité le camp de concentration de Bergen-Belsen, en Allemagne, en juin 2015. Les souverains belges, danois, et espagnols feront aussi le déplacement.

Avant de se rendre en Pologne, Emmanuel Macron participera lundi matin à un moment de recueillement dans la crypte du Mémorial de la Shoah à Paris. Il échangera aussi avec Esther Senot, rescapée des camps. De son côté, le Premier ministre François Bayrou procédera à 18h30 au ravivage de la flamme du soldat inconnu sous l'Arc de triomphe, en présence de représentants de l'Union des déportés d'Auschwitz.

Benyamin Nétanyahou absent

La venue de Benyamin Nétanyahou semble très compromise. Le Premier ministre israélien est sous le coup d'un mandat d'arrêt émis en novembre par la Cour pénale internationale dans le contexte de la guerre à Gaza. La Pologne, en tant qu'Etat membre du traité de Rome à l'origine de la CPI, devrait logiquement l'arrêter si le chef du gouvernement israélien se trouvait sur son territoire. Mais Varsovie a déclaré début janvier qu'il garantirait un accès "libre et sûr" aux responsables israéliens souhaitant assister aux commémorations. Finalement, l'Etat hébreux sera représenté par son ministre de l'Education Yoav Kisch.

L'ancien président de la CPI, Piotr Hofmański, a fait savoir aux médias polonais que le refus des signataires de respecter leurs obligations remettait en question l'existence de la Cour pénale internationale, et qu'il s'agissait de la première fois qu'une telle défiance se produisait en Europe, rapporte le site Euractiv. Ces déclarations de Donald Tusk ont déclenché une vague de manifestations dans le pays. "J'ai honte d'un gouvernement qui protège les criminels de guerre", a notamment écrit l'artiste engagé Bartlomiej Kielbowicz, cité par RFI

La Russie persona non grata 

Concernant le Kremlin, la question a été tranchée il y a plusieurs mois : l'ensemble des représentants russes ont été exclus des cérémonies, avait annoncé le musée d'Auschwitz en septembre, jugeant qu'une "telle présence serait cynique" dans le contexte de la guerre en Ukraine. C'est la troisième exclusion consécutive de la Russie à ces commémorations depuis le début de l'invasion russe en 2022, a souligné le mémorial. Tout comme Benyamin Nétanyahou, le président russe Vladimir Poutine est visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale.

"C'est un anniversaire. Nous nous souvenons des victimes, mais nous y célébrons aussi la liberté. Il est difficile d'imaginer la présence de la Russie, qui ne comprend manifestement pas la valeur de la liberté", a expliqué le directeur du musée d'Auschwitz, Piotr Cywinski, dans un communiqué. La présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky est d'ailleurs incertaine. "S'il se décide à venir, nous le saurons qu'au dernier moment", a fait savoir Piotr Cywinski auprès de Ouest-France.