TÉMOIGNAGES. "Les Israéliens veulent nous affamer" : la population de Gaza n'a pas accès à l'aide humanitaire depuis 50 jours
À Gaza, cela fait maintenant 50 jours que l’entrée de l’aide humanitaire est totalement bloquée par Israël. Dans une déclaration conjointe, Paris, Londres et Berlin s’inquiètent d’un "risque grave de famine, d’épidémies et de mort" et demandent à Tel-Aviv de "rétablir l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire". En attendant, dans l'enclave palestinienne, la population manque de tout.
Asma se trouve toujours dans les ruines de son quartier dévasté de Khan Younes. Chaque jour est un défi pour trouver de quoi manger. "Les Israéliens nous attaquent, nous bombardent, d'un côté, interdisent les aides humanitaires, des produits, des choses à manger et à boire d'un autre côté", raconte-t-elle. "Les Israéliens veulent nous affamer", assène-t-elle.
"Il n'y a pas de médicaments, il n'y a pas d'espoir. On n'a rien."
Asma, habitante de Khan Younesà franceinfo
Très âgés, les deux parents d’Asma sont morts faute de soins au début de l’année. À Gaza, les rares hôpitaux encore debout sont au bord du gouffre. "Clairement, ils manquent de tout, ils manquent de matériel pour les opérations, d'anesthésiants, d'antibiotiques", explique Hicham El Ghaoui, un médecin urgentiste suisse qui a effectué trois missions dans l’enclave depuis le début de la guerre. "Vous avez des patients qui se font opérer, mais qui ne cicatrisent pas, parce qu'ils n'ont pas assez de nourriture. Les gens meurent littéralement de faim", souligne le docteur.
"Une arme de guerre"
Comme le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, Hicham El Ghaoui accuse Israël d’aggraver la famine de manière délibérée. "Ça fait depuis 18-19 mois que l'aide humanitaire est bloquée et là, ça fait 50 jours qu'il n'y a rien qui rentre", rappelle le médecin. "Le seul élément bloquant, c'est le feu vert israélien. Ils ne le donnent pas, parce que c'est une arme de guerre. Empêcher les gens de guérir, c'est une arme de guerre. Laisser les gens mourir de faim, c'est une arme de guerre", assène-t-il.
Israël justifie son blocus en expliquant que l’aide contenue dans les centaines de camions, stationnées à la frontière, serait systématiquement détournée par le Hamas.