«C’est toujours pareil, on n’en peut plus» : ces vacanciers victimes directes de la grève des contrôleurs aériens

Alors que des dizaines de milliers de voyageurs s’apprêtaient à partir en vacances, une grève de deux jours des contrôleurs aériens, prévue de jeudi 3 au vendredi 4 juillet, a semé la pagaille dans les aéroports français. Lancée par l’Unsa-ICNA, deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel, le mouvement vise à obtenir de meilleures conditions de travail et un renforcement des effectifs. Mais en pleine période estivale, de nombreux passagers dénoncent une prise d’otages injuste. La situation devrait encore se tendre demain, vendredi, veille des vacances scolaires : la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé une réduction de 40% du trafic dans les aéroports parisiens et à Beauvais.

À Nice, où la moitié des vols ont été annulés ce jeudi, Margot n’en revient toujours pas. «Je pousse un coup de gueule envers les contrôleurs aériens. Alors que leur grève était annoncée pour ce jeudi, ils ont décidé de l’avancer... Je suis restée cinq heures à attendre à l’aéroport de Nice mercredi soir, pour que finalement on nous annonce que tous les vols vers Paris étaient annulés et pas de report possible avant trois jours...», déplore l’étudiante

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Même frustration pour Pauline, bloquée depuis plus de douze heures à l’aéroport de Montpellier. «On avait notre vol qui devait décoller à 21h30 pour Nantes avec la compagnie Volotea. Le vol a été décalé à 00h30, puis annulé», explique la jeune femme. «Les gens ont commencé à s’énerver. Ils ont mis une heure à nous mettre des lits camp dans un autre terminal, alors qu’il y avait des personnes âgées et des enfants. On s’est enfin allongé à 4h du matin avec aucune certitude d’un vol au petit matin». Pour Pauline, le pire a été le manque d’hydratation. «Ils nous ont enfin donné une bouteille de 33 centilitres à 4h du matin, aucune nourriture avant ce matin, où l’on a reçu un bon de 20 euros», ajoute-t-elle, épuisée. «Mais le pire c’est vraiment le problème de communication, ils ne s’occupent pas du tout de nous».

L’aéroport de Montpellier aménagé à cause des grèves. Pauline Baldeck

Des congés «anéantis par cette grève»

À Paris, Carine, elle, n’a pas pu embarquer pour ses vacances en Espagne, prévues depuis des mois avec sa fille. «À dix minutes de l’heure de notre vol, on nous annonce qu’il était annulé. Ce sont mes seules vacances avec ma fille. J’ai mis de côté pour pouvoir l’amener en Espagne, au bord de la mer... Et résultat, nous sommes bloquées à l’aéroport. Je paye actuellement un hôtel dans lequel je ne suis même pas», s’exaspère la jeune maman. «C’est toujours pareil, toujours des grèves, on n’en peut plus».

Coincé en Belgique depuis mercredi soir, Fabien s’est lancé dans un parcours du combattant pour rentrer chez lui. «J’étais parti voir un concert en Belgique. Mon vol de 20h10 a été annulé. Heureusement, la compagnie a pris en charge mon hôtel et mon repas, mais depuis je me débrouille. Pour rentrer, je coupe mon trajet en deux : un train jusqu’à Paris, puis un Blablacar jusqu’à Marseille, et enfin rentrer chez moi. Et encore, je relativise, je pense à une famille de trois enfants qui était devant moi, et qui doit maintenant se débrouiller pour rentrer...».

Pauline, elle, a préféré attendre sur place, dans le flou le plus total. «Les BlaBlaCar étaient tous complets, les bus mettaient 12 heures et les trains coûtaient 300 euros. Je n’avais pas envie de prendre un hôtel à 400 euros la nuit alors que je savais qu’on ne serait pas remboursé». Pour Guillaume, bloqué à Bastia, la coupe est pleine. «Je fais partie de ceux qui voient leurs congés anéantis par cette grève. Là, c’est trop ! Ces grèves viennent casser les projets de gens qui ne sont pour rien dans l’histoire. Je veux juste qu’on me respecte. Et aujourd’hui j’ai vraiment l’impression qu’on ne m’a pas respecté !». Charlotte abonde : «Des fonctionnaires, avec un salaire pouvant aller jusqu’à 8000 euros, mais ils réclament quoi encore ?».

Face à ces critiques, le ministre des Transports Philippe Tabarot a déclaré mercredi qu’il ne comptait pas céder. «Les revendications portées par des syndicats minoritaires sont inacceptables, tout comme le choix de faire cette grève au moment des grands départs en congés». Mais pour les voyageurs laissés sur le tarmac, l’attente s’éternise. « On attend et on croise les doigts », souffle Pauline.