Budget : François Bayrou s’improvise Youtubeur et tente de faire du neuf avec du (très) vieux

C’est de notoriété publique, François Bayrou n’est pas vraiment un homme de son temps. Au mieux, il est celui du début des années 2000, époque à laquelle il rêvait de l’Élysée, fort de ses deux troisièmes places à l’élection suprême. Il semble qu’il y soit encore, même en 2025.

Sa dernière nouveauté, révolutionnaire et « disruptive » autrefois, vue et revue aujourd’hui, en témoigne : la création d’un podcast tourné face caméra et décliné sur Youtube pour parler aux Français par un canal présenté comme sans filtre.

Son nom ? « FB direct ». Certainement un clin d’œil aux ancestraux « Facebook live » populaire à la fin des années 2010 ? Premier ministre, maire de Pau et antiquaire. « Tous les responsables [politiques] partent en vacances, bien méritées, ce que je ne ferai pas », lance-t-il dès le premier épisode. Il aurait peut-être fallu.

Comparaisons hasardeuses

En deux épisodes, le premier de huit minutes, le second de quatre, essoufflement oblige, François Bayrou s’emploie à défendre son action. En particulier le prochain budget.

« J’aimerais partager avec vous ce que l’on appelle les contraintes, c’est-à-dire la nécessité qui est devant nous, qui pèse sur nos épaules et que nous ne pouvons pas mettre de côté », déroule-t-il. En clair, celle de s’engager dans une austérité et une rigueur hors normes. Vous la faites à combien cette réédition de Jacques Delors mon bon monsieur ?

« Nous sommes menacés par un mal auquel nous n’échapperons pas si nous ne sommes pas courageux. Ce mal, vous le connaissez dans toutes vos familles, c’est le surendettement. Quand on va à la banque tous les mois pour demander un crédit supplémentaire qu’on vous fait payer de plus en plus cher, c’est un mal qui menace notre survie », explique-t-il encore dans un cadre plus blanc que blanc.

Un raisonnement qui ferait pouffer tous les économistes tant la comparaison entre l’endettement de l’État et celle des ménages n’a pas lieu d’être. Le premier peut maintenir sa dette à un certain niveau sur un très long laps de temps, sa durée de vie étant infinie, pour permettre les investissements qu’il juge nécessaires.

Ce n’est pas le cas des seconds. Et c’est oublier que ce qui menace la population française aujourd’hui et sa survie, c’est le sous-investissement chronique dans nos services publics. Ça mériterait un podcast, mais sans François Bayrou.

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