"Un combat d'ego entre le ministre des Outre-mer et le président de la République" : à peine arrivée en Nouvelle-Calédonie, Marine Le Pen tacle le gouvernement
Marine Le Pen adore être là où on ne l'attend pas. Même lorsqu'elle s'échappe à 17 000 km de l'Assemblée alors que son groupe se divise sur l'aide à mourir, texte qu'elle n'a jamais porté dans son cœur. La cheffe des députés Rassemblement national est arrivée mercredi 28 mai en Nouvelle-Calédonie, où trois jours de rencontres l'attendent.
Un an après les violentes émeutes qui ont meurtri l'archipel, qui en mi-mai 2024 avait vu des émeutes qui ont fait 14 morts et des milliards d'euros de dégâts sur fond de crise économique et sociale aiguë, dès sa première prise de parole dans l'archipel, celle qui compte toujours se présenter à la présidentielle, à l'exécutif dans son viseur. Marine Le Pen critique ainsi le nouveau cycle de discussions entre indépendantistes et loyalistes annoncé par l'Elysée à partir de la mi-juin. "J'ai le sentiment que l'échec de ces négociations est un peu un combat d'égo entre le ministre des Outre-mer et le président de la République, on n'avait vraiment pas besoin de ça", tacle-t-elle.
Marine Le Pen se pose ainsi en pacificatrice et dit vouloir créer du lien en Nouvelle-Calédonie en se concentrant sur les sujets de reconstruction économique. A Nouméa, le Rassemblement national se targue d'avoir réussi à organiser des rendez-vous avec presque tous les acteurs politiques de l'archipel, dont les indépendantistes du FLNKS, pourtant honnis par le FN du temps de Jean-Marie Le Pen.
Pour quels résultats ce week-end ? Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, espérait simplement que le dossier calédonien, toujours brûlant, ne devienne pas un sujet d'instrumentalisation politique nationale.
Les émeutes, les plus violentes depuis les années 1980, étaient survenues le 13 mai 2024 sur fond de mobilisation contre un projet d'élargissement du corps électoral au scrutin provincial calédonien, contesté par les indépendantistes qui accusaient l'exécutif français de vouloir minorer la population autochtone kanak. Depuis 2007, le gel du corps électoral exclut des élections provinciales la plupart des personnes arrivées en Nouvelle-Calédonie après novembre 1998, date de la ratification des accords de Nouméa. Depuis le dernier référendum d'autodétermination de 2021, boycotté par les indépendantistes, la situation politique est figée dans l'archipel.