Paris 2024 : le Covid, cette menace qui plane sur les athlètes

À dix jours des Jeux olympiques, la menace du Covid n'est plus seulement théorique. Le 13 juillet, en plein Tour de France, le coureur britannique Tom Pidcock et l'Espagnol Juan Aysuo ont dû abandonner, diminués par la maladie. Un troisième forfait pour cause de Covid après celui de l’Américain Sepp Kuss, qui avait lui renoncé à prendre le départ de l’épreuve à Florence, le 29 juin, en raison d’un test positif. Et les cyclistes ne sont pas les seuls à subir les conséquences du rebond épidémique en cours depuis quelques semaines : un cas de Covid-19 au sein de l'équipe masculine de judokas français a obligé la fédération française de judo à écourter un stage de préparation, selon un communiqué publié le 8 juillet, tandis que la championne d'Europe d'athlétisme, Cyréna Samba- Mayela, n'a pas pu participer aux championnats de France d'athlétisme qui ont eu lieu entre le 28 et le 30 juin en raison de l’infection. Faut-il craindre que le virus ne perturbe les épreuves olympiques ? « L'évolution de la situation sanitaire est suivie avec attention par le ministère de la Santé et Santé Publique France en lien avec Paris 2024 », a indiqué La Délégation interministérielle aux Jeux Olympiques et Paralympiques (DIJOP) au Figaro.

«Pas de tension particulière»

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le Covid s'invite aux événements olympiques. En 2020, la pandémie avait déjà contraint les organisateurs des JO de Tokyo à reporter les épreuves d’un an et à mettre en place des mesures strictes, comme l'obligation vaccinale. Cette année, la question d'un report n'est pas envisagée. Suite à la hausse des indicateurs de surveillance du Covid-19 depuis fin mai, « la circulation sur le territoire reste aujourd'hui à bas niveau et ne génère pas de tension particulière sur le système de santé », estime la DIJOP en soulignant une «situation similaire» dans les autres pays européens. « À ce stade, le risque Covid-19 n'a pas été réévalué à la hausse dans le cadre des JOP2024 », ajoute la délégation. Il faut dire que les populations sont désormais mieux protégées contre les variants émergents grâce à l'immunité acquise par la vaccination et les infections répétées.

Néanmoins, les préparateurs sportifs redoublent de vigilance pour protéger la santé des participants et garantir leur présence aux épreuves. Si le Comité d'organisation des JO (COJOP) n'a pour l'instant pas formulé de consignes claires sur d'éventuelles mesures anti-Covid, chaque fédération a pris ses précautions en amont des jeux, notamment par la réalisation de tests antigéniques réguliers. « En tant que préparateur de haut niveau, on est en partie responsables de nos athlètes, indique Rémi Duhautois, directeur du haut niveau de la fédération française de natation. C'est pourquoi, pour s'assurer qu'ils ne sont pas exposés au risque viral, qui est inévitablement un facteur de performance, nous avons imposé la réalisation d'un test antigénique aux sportifs mais aussi au personnel d’encadrement (équipe médicale, scientifique, entraîneurs, etc.…) lors des stages de préparation, notamment celui qui a commencé cette semaine à Vichy », indique Rémi Duhautois, directeur du haut niveau de la fédération française de natation.

Les athlètes malades devront renoncer aux JO

En cas de symptômes, les sportifs et leur équipe de préparation sont dans l'obligation de porter un masque en attendant la confirmation d’un test. Les autres mesures préventives sont celles que nous avons héritées de la pandémie : aérer les chambres et salles de vie, éviter les grands rassemblements, porter un masque en présence de personnes symptomatiques, se laver les mains régulièrement... « C’est devenu davantage un réflexe désormais, et nous avons été d'autant plus vigilants que nous sommes à quelques jours des JO, souligne Rémi Duhautois. Nous avons aussi condensé sur une journée la venue des médias lors des stages de préparation pour limiter le risque ».

Les préparateurs sont par ailleurs catégoriques : si un athlète est testé positif après avoir manifesté des symptômes au moment des épreuves, il devra se retirer de la compétition. « Cela fait 4 ans qu’ils se préparent à réaliser leur meilleure performance : qu’il s’agisse du covid ou même d’un rhume, il est difficile d'imaginer pouvoir remporter une finale olympique en étant malade », souligne Éric Meinadier, directeur du pôle médical fédéral en charge de la surveillance réglementaire des sportifs de haut niveau inscrits aux JO. Pour l'heure néanmoins, il n'est pas envisagé d'interdire à un athlète de participer aux JO s'il est positif au Covid mais asymptomatique.

Au quotidien, dans le village des athlètes, du gel hydroalcoolique et des masques seront mis à disposition. En revanche, se pose encore la question d'imposer la réalisation d'un test antigénique au personnel : agents de sécurité, d'entretien, cuisiniers, etc. «On demandera probablement aussi aux journalistes de mettre un masque pour les interviews de nos sportifs, en tout cas pour ceux qui viendraient dans notre village, même si pour l’instant rien n’est obligatoire», ajoute Éric Meinadier.

Côté spectateurs, la DIJOP incite également à l’adoption systématique des gestes barrières. « Ces mesures restent un moyen efficace pour se prémunir des infections respiratoires et de leurs complications, en limitant le risque de transmission des virus à l'entourage, notamment les personnes à risque ».