Bourse : huit mois après la dissolution, le CAC 40 repasse la barre des 8000 points

Rien ne semble pouvoir entamer l’optimisme de la Bourse de Paris. Après un bref passage à vide en début de semaine avec le déclenchement de la guerre commerciale par Donald Trump, le CAC 40 est reparti de l’avant. 
Il vient même de repasser en séance au delà de le seuil des 8000 points, qu’il avait franchi à la baisse le 10 juin dernier, au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Le chaos politique avait lourdement pesé sur l’indice phare. Le 6 août il était ainsi tombé à 7130,04 après un vent de panique venu d’Asie. Et, en 2024, tandis que la plupart des grandes Bourses mondiales étaient à la fête, le CAC 40 a cédé 2,2%. Il a terminé l’année à 7380,74 points.

Depuis le début de l’année, le CAC 40 grimpe de 7,8% et depuis son plancher du début du mois d’août dernier, il s’est adjugé plus de 12%. En cette fin de semaine, le marché est porté par les résultats d’entreprises. 
Le marché a été porté par de puissants moteurs ces derniers mois. Les grandes banques centrales, la Fed américaine et la BCE en tête, ont mis fin à leurs politiques de resserrement monétaire et elles ont engagé depuis le printemps dernier des campagnes de baisse des taux. Or, les baisses de taux sont généralement d’excellentes nouvelles pour les marchés d’actions. «Elles réduisent le coût de la dette pour les entreprises et déplacent des sommes auparavant investies en obligations vers les marchés d’actions devenus comparativement plus attractifs» explique un professionnel.

La saison des résultats annuels bat son plein et les entreprises ont globalement délivré de bonnes performances. Les analystes s’attendent à une pluie de copieux dividendes et à de généreux plans de rachats d’actions. L’économie mondiale, terrain de jeu des grandes multinationales du CAC 40, s’est révélée bien plus solide que prévu, grâce au dynamisme des États-Unis. L’économie américaine, que beaucoup voyaient plonger en récession, s’est révélée bien plus solide que prévu. Selon le FMI, la croissance américaine a été de 2,6 % l’an dernier et elle devrait être proche de 2 % cette année. L’élection de Donald Trump a donné un coup de pouce supplémentaire aux marchés américains en fin d’année et par ricochet aux marchés européens et singulièrement aux valeurs françaises.

Ces derniers temps, bon nombre d’investisseurs mal à l’aise avec les valorisations des stars du Nasdaq se sont mis en quête de nouveaux horizons ce qui a provoqué une veste rotation en faveur des marchés européens. Selon le consensus des analystes FactSet, le PE (price earning ratio ou multiple de résultat) du Nasdaq 100 culmine à 47,5 (+59 % en un an), c’est-à-dire deux fois au-delà de sa moyenne historique de 23,6. En face les entreprises du CAC 40 affichent en moyenne des multiples de résultat de l’ordre de 13.

Pour la suite les analystes font toutefois preuve d’une extrême prudence. Les investisseurs redoutent que la guerre commerciale engagée par Donald Trump pèse lourdement sur l’économie mondiale et singulièrement de l’Europe déjà mal en point. Donald Trump a déjà prévenu que sa prochaine cible de son offensive serait l’Europe. «Le seul réel argument en faveur des marchés européens en début d’année était leur faible valorisation, ce qui est loin d’être suffisant pour les porter dans la durée» explique Christopher Dembik chez Pictet AM. Les deux plus grands pays d’Europe, la France et l’Allemagne sont confrontés à des crises économiques et politiques majeures. Pour la première fois depuis plus de 20 ans, l’Allemagne vient d’aligner deux années de récession et le pays s’enlise dans une profonde crise politique.

En France, le tableau n’est guère plus réjouissant. La croissance reste extrêmement fragile. Elle a marqué un coup d’arrêt en fin d’année dernière. Le gouvernement est parvenu à faire voter le budget mais il reste dans une situation précaire. et porte un endettement record. Et les perspectives ne sont guère favorables. Le consensus des analystes Bloomberg annonce une croissance de 1,1% en 2025, c’est deux fois moins qu’aux États-Unis et certainement encore trop optimiste. Pour Alexandre Baradez, responsable de l’analyse chez IG, les marchés sont aujourd’hui à un moment charnière, où le doute peut à tout moment l’emporter sur l’optimisme. «Avec la guerre commerciale, nous risquons d’assister à une phase de vente globale des actions et à un vaste mouvement de rotation dans les portefeuilles en faveur notamment de la partie obligataire, notamment américaine où les rendements à 10 ans.