Paris-Roubaix ou l’«enfer du Nord», la course qui fascine et effraie
Après Milan-San Remo le pèlerinage romantique qui ouvre les volets du printemps et le Tour des Flandres, course d’obstacles diabolique qui jette la Belgique sur le pas de la porte, Paris-Roubaix vient dérouler son tapis violent. Ses pavés disjoints, dentition irrégulière prête à se refermer brutalement sur les intrépides, se posent comme un rendez-vous phare du calendrier cycliste. Une épreuve hors du temps. Archaïque et furieusement moderne. Belle et cruelle. Pavés copieusement arrosés et gluants ou secs et poussiéreux pour battre des records de vitesse, la course éprouve les corps et les machines. Au service d’une longue histoire. D’hommes (depuis 1896) et de femmes (depuis 2021, course ce samedi).
Bernard Hinault (lauréat en 1981), usant d’un oxymore, aimait parler de Paris-Roubaix comme d’une « belle cochonnerie ». Marc Madiot (vainqueur en 1985 et 1991, manager de l’équipe Groupama-FDJ) y puise l’essence du cyclisme : « La course rassemble tout ce qu’on doit trouver. Elle est brute…