Y a-t-il vraiment plus d’Américains à Nice depuis l’élection de Donald Trump ?

Au début de l’année, une délégation du comité touristique de la Côte d’Azur s’est rendue outre-Atlantique pour vanter, durant une semaine, les qualités de la «French Riviera». Une destination devenue incontournable pour les Américains au cours des dernières années. Et pour cause, depuis un peu plus de trois ans, la stratégie touristique et économique de ce territoire bercé par le soleil coincé entre mer et montagnes est plus que jamais tournée vers l’Amérique du Nord, particulièrement les États-Unis.

S’appuyant sur ses nombreux atouts (météorologiques, culturels ou encore gastronomiques), les professionnels du secteur ont ciblé cette clientèle susceptible de dépenser sans forcément compter. Le comité touristique azuréen le rappelle : la dépense moyenne quotidienne d’un Américain est estimée à 170 euros contre 75 pour un Français. C’est un marché «essentiel à l’économie touristique azuréenne», souligne l’organisme. Un «tourisme choisi», comme le répète Christian Estrosi, le maire de Nice.

Clientèle en augmentation depuis janvier

Les annonces d’ouvertures de nouvelles liaisons aériennes au cours des trois dernières années ont confirmé ce tournant assumé. Grâce aux différentes compagnies américaines (United Airlines, American Airlines, Delta, La Compagnie), New York, AtlantaPhiladelphie et désormais Washington sont directement reliés à l’aéroport international de Nice, où le simple atterrissage par la baie des Anges fait office de carte postale.

De quoi parler d’un nouvel eldorado ? En 2024, 54% des visiteurs de la Côte d’Azur étaient bien étrangers avec une part prépondérante d’Américains. Ces derniers ont représenté un quart des nuits passées dans les hôtels l’été dernier. Plus précisément, 25% de ces Américains viennent du bassin new-yorkais. Logique au regard de la fréquence des liaisons entre Big Apple et Nice (trois vols quotidiens assurés par trois compagnies différentes entre avril et octobre). Mais, désormais, la présence des Américains ne se limite plus à la saison estivale. Certains d’entre eux seraient tellement sous le charme des lieux qu’ils choisiraient de s’y installer définitivement.

Avec l’élection de Trump, on a réalisé plusieurs ventes via WhatsApp d’une clientèle paniquée

Kirkor Ajderhanyan, président de la commission internationale de la Fnaim Côte d’Azur

C’est une tendance que commence à observer la Fnaim Côte d’Azur, fédération qui regroupe les professionnels locaux de l’immobilier. «Il faut être plus que perfectionniste avec les Américains car dans les cinq minutes, ils sont capables de donner une réponse favorable», relève ainsi Kirkor Ajderhanyan, président de la commission internationale, qui a vu passer sa clientèle américaine de 6% à 18% depuis janvier.

«Les plus avertis s’y sont pris dès octobre en raison d’une tendance politique incertaine», précise-t-il. «Avec l’élection de Trump, on a réalisé plusieurs ventes via WhatsApp d’une clientèle paniquée, avec un état d’esprit plutôt démocrate», poursuit-il, relevant que ses clients connaissent «très bien la France et qu’ils ont toujours rêvé de s’installer sur la Côte d’Azur». Ils sont aussi prêts à débourser facilement entre 700.000 et 800.000 euros. «Les demandes sont sur toute la Riviera et même l’arrière-pays mais ils cherchent de plus en plus à Nice», précise-t-il.

«Il y a des achats depuis deux ans, ce qui est aussi lié au départ des Russes (en raison de la guerre en Ukraine, NDLR)», précise Henri Zavadski, président du collectif niçois «France États-Unis», qui relativise ainsi l’effet rejet provoqué par Donald Trump. «Je ne pense pas que la première raison de leur venue ici soit politique. C’est d’abord pour la beauté de l’endroit et la qualité de vie», ajoute Shae Clements, vice-présidente de l’American club of the Riviera et qui a déménagé dans la région il y a plus de quatre ans pour ces raisons.

Son association, qui organise pique-niques et apéritifs entre Cannes et Monaco, voit quand même «de plus en plus de compatriotes» y participer. C’est d’ailleurs à Nice que le plus grand nombre d’Américains (en grande partie de «jeunes retraités») se sont retrouvés le mois dernier, précise-t-elle. À l’inverse, les touristes français semblent, eux, bouder les États-Unis de Trump avec une baisse de 25% des réservations déjà estimée pour l’été à venir.