Au Japon, les partis politiques cherchent à reconquérir la jeunesse en modernisant leurs campagnes de communication
Cette poussée de l’abstention chez les jeunes inquiète toutes les grandes démocraties. Au Japon, lors des dernières législatives,en 2024, le taux d’abstention global a atteint 46%. Chez les plus jeunes électeurs, les 18-19 ans, qui pouvaient voter pour la première fois, ce taux d’abstention a atteint 57%. Désormais, dans presque tous les scrutins, moins d’un jeune sur deux se déplace pour voter.
Les politologues avancent plusieurs pistes d’explication : l’absence de véritable alternance dans le pays, avec un pouvoir contrôlé depuis longtemps par le même parti conservateur ; la rareté des débats de fond dans les médias ou les meetings de campagnes, ainsi que plusieurs scandales récents qui ont terni l’image de la politique.
Des campagnes plus visibles et plus connectées
Les partis politiques pensent qu’il faut remobiliser les jeunes avec des communications plus originales. Ils sont déjà tous présents sur les réseaux sociaux, mais estiment que cela ne suffit pas et que la désinformation y est trop présente pour faire passer des messages clairs.
Ils souhaitent donc moderniser l’affichage politique. Pour l’instant, ils s’appuient encore sur des affiches traditionnelles disposées sur des panneaux dans les rues. Mais ils ambitionnent désormais, en ce printemps 2025, de passer à l’affichage numérique et de déployer des écrans dans les lieux fréquentés par les jeunes.
Plusieurs formations ont travaillé avec une association publique pour la promotion du digital. Des premiers contrats ont été signés pour diffuser des messages vidéo au-dessus des caisses des supérettes de la chaîne Family Mart à Tokyo, des magasins ouverts 24h sur 24. Les partis ont conçu de courts messages destinés à interpeller les jeunes.
Un lancement retardé
Ils ont également loué des écrans sur des bornes de recharge de batteries pour téléphones portables, présentes un peu partout dans la capitale. Ils ont même prévu de diffuser de la publicité politique dans les vestiaires des sentos, les bains publics très fréquentés par les jeunes dans les quartiers excentrés de Tokyo. On s’y rend après un match de baseball entre amis ou avant une soirée au restaurant. Ces campagnes d’affichage devaient normalement débuter durant la semaine du 9 au 16 juin, juste avant l’ouverture de la campagne pour l’équivalent des municipales de Tokyo, mais l’association a finalement décidé de repousser la date des premiers essais. Le nouveau calendrier reste désormais attendu.