Villeneuve-Saint-Georges : La gauche au défi de l’union au second tour

La gauche parviendra-t-elle à s’unir pour conquérir la ville ? Au lendemain du premier tour des élections municipales à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), dimanche 26 janvier, qui a vu l’insoumis Louis Boyard arriver en tête avec 24,91 % des voix, des négociations se sont ouvertes dans le but d’œuvrer à une fusion des listes de la gauche.

Malgré certains désaccords, « il serait irresponsable de croire que les droites ne soient pas capables de s’entendre pour empêcher la gauche de diriger cette ville », affirme le candidat PCF Daniel Henry, tête de liste de l’alliance entre communistes, socialistes et écologistes arrivée en troisième position avec 20,60 %.

Riposte à droite

Si la droite est partie divisée dans cette élection avec trois listes, son potentiel électoral en cas d’union semble redoutable. Kristell Niasme, représentante des « Républicains » et ex-première adjointe de la ville, a rassemblé 22,72 % des voix, devançant le maire de la ville, Philippe Gaudin (15,55 %) et le candidat UDI Éric Colson (13,62 %). Soit près de 52 % des voix en cumulé, contre 46 % à gauche.

C’est pourquoi le sortant appelle, via une publication sur X, à l’union contre le « totalitarisme » et les « périls insoumis et communistes ». « L’union des droites est une impérieuse nécessité dépassant les personnes et les intérêts particuliers », a-t-il écrit, adoubé par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour qui « aucune commune de France ne mérite d’avoir à sa tête un membre de la France insoumise », parti selon lui d’« extrême gauche ».

À la suite de la proclamation des résultats, ce dimanche, Louis Boyard a fait un pas vers la fusion des listes de gauche, appelant à protéger « notre ville du péril de la droite extrême et de l’extrême droite et pour permettre enfin le changement demandé par les Villeneuvoises et Villeneuvois ».

L’union de la gauche loin d’être scellée

Une volonté de coalition portée par l’alliance PCF-PS-Écologistes dès le début de la campagne que la France insoumise a préféré refuser pour jauger ses capacités de conquêtes pour les municipales de 2026. « On aurait pu gagner dès le premier tour si nous étions rassemblés », ajoute Daniel Henry.

Mais l’union est loin d’être scellée. Selon les informations du Figaro, les socialistes réclament le retrait du septième de liste, Mohammed Ben Yakhlef, dont plusieurs publications pro-Hamas ont été exhumées. Une condition jugée « irresponsable » par Louis Boyard. Contactés, ni lui ni ses équipes n’ont donné suite à nos sollicitations.

Pour les habitants, l’issue de cette élection est capitale tant la situation sociale de la ville est dramatique. Actuellement, son taux de chômage dépasse les 16 % (contre 12,1 % dans le département) et son taux de pauvreté atteint 34 % (16,6 % pour le reste du département).

Une ville « totalement à l’abandon »

Lors des nombreux porte-à-porte réalisés pendant la campagne, les équipes de Daniel Henry ont pu être témoins de conditions de vie particulièrement difficiles. « Six enfants et cinq adultes qui partagent la même salle de bains, un salon transformé en chambre, des lits superposés pour optimiser l’espace… Malgré tout, ces personnes se battent pour faire sortir leurs enfants de la misère », soulignent les communistes locaux.

Joint il y a quelques jours, le directeur de campagne de Louis Boyard, Ismaël El Hajri, dénonçait une ville « totalement à l’abandon ». « Cela se traduit par des effets concrets sur la vie des habitants : des fournitures scolaires manquantes, des établissements insalubres, des événements sportifs annulés… » témoignait-il.

Comme un symbole, lors du premier tour, les lumières de l’école élémentaire Anatole-France, qui servait de bureau de vote, se sont éteintes à 18 heures. Le dépouillement s’est déroulé avec des lampes torches. Selon Daniel Henry, si la droite se maintient au pouvoir, « les conséquences seront catastrophiques pour les habitants : mesures antisociales, suppression de places en crèche, casse du service public… ». « La candidate LR représente une droite dure qui ouvre des perspectives au Rassemblement national », alerte-t-il.

Pour les différentes forces de gauche, un changement est donc nécessaire après le mandat du maire précédent, Philippe Gaudin. Budget non voté, espionnage informatique, salut nazi réalisé en plein conseil municipal, démission de plus de 50 % des élus…

Et à trois jours du premier tour des élections, les révélations de l’Humanité sur la gestion du maire en ont rajouté une couche : plus de 3,5 millions d’euros de factures impayées depuis 2021, 41 901 heures supplémentaires rémunérées, ou encore un usage excessif des véhicules municipaux.

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