Le Festival d’Aix-en-Provence inaugure une formule allégée pour son édition 2025
Une grosse production en moins mais « le souci de rester un festival admiré parce qu’il a quelque chose de neuf à offrir ». Tel est le constat énoncé par Pierre Audi au moment d’annoncer la nouvelle saison du festival d’Aix. « La base désormais du festival chaque saison sera de donner un Mozart, un grand opéra, un baroque et une création contemporaine », poursuit-il. Ce qui donne pour juillet 2025 Don Giovanni, Louise, La Calisto et The Nine Jewelled Deer, opéra de chambre en forme d’itinéraire spirituel, né de la rencontre entre de la compositrice Sivan Eldar et la chanteuse américaine de tradition indienne Ganavya Doraiswamy. Donnée en création mondiale, cette pièce est coproduite par la fondation Luma.
Ces quatre propositions jouent ce qu’il faut de grands noms alléchants et de surprise potentielle. Don Giovanni voit le retour à Aix de Sir Simon Rattle. Pour son premier Mozart aixois, il dirigera le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, la formation dont il a pris la tête l’an dernier. La mise en scène a été confiée à Robert Icke qui signe ici sa première mise en scène d’opéra. « Il est très connu dans le monde du théâtre anglosaxon. J’y ai vu son travail que je trouve très musical, et cela fait des années que j’essaie de le convaincre de venir à l’opéra », dit Pierre Audi.
Louise de Charpentier, coproduit avec l’Opéra de Lyon et le palazetto Bru Zane voit la diva Elsa Dreisig dans le rôle-titre. Giacomo Sagripanti dirige l’orchestre et Christof Loy une mise en scène qui questionne l’émancipation de l’héroïne s’affranchissant de sa famille et de son époux. La Calisto de Cavali convie Sébastien Daucé et son ensemble Les Correspondances. Et fait la part belle aux coproducteurs nationaux : Rennes, Caen, Avignon et le Théâtre des Champs-Elysées sont là pour témoigner que l’union fait la force. Autre signe d’une nouvelle ère : La Forza del Destino avec l’orchestre de l’Opéra de Lyon dirigé par Daniele Rustoni sera donné en coproduction avec les Chorégies d’Orange en version concert. Deux oeuvres complètent la programmation: Les Pêcheurs de perles sous la baguette de Marc Minkowski et The Story of Billy Budd, sailor de Britten recrée au format de chambre.
« Avec une grosse production de moins, nous donnons le même nombre de représentations. En outre, tout l’appareil socio-éducatif reste intact », dit Pierre Audi, heureux qu’Aix ait reçu l’International Opéra Award pour sa production d’Iphigénie l’été dernier, manière de soutien dans un été difficile. Et qui tire avec habileté les leçons de la crise financière de 2022 et 2023. «Certains me demandent si le festival continue à m’intéresser. Or c’est salutaire de repenser son modèle économique et d’apprendre à s’adapter. On a eu du plaisir à monter cette édition, et remonter la pente est quelque chose de bien. Aix excite la curiosité des publics et des artistes internationaux par sa manière d’approcher les oeuvres par de nouvelles esthétiques. L’excellence du travail artistique reste la base de ce que je fais. Le Liban affronte sa 6° guerre depuis ma naissance. Je sais comme mes concitoyens me montrer combatif et débrouillard, sans me plaindre. »
Festival d’Aix du 4 au 21 juillet 2025. Ouverture de la location le 30 janvier www.festival-aix.com