Bosnie-Herzégovine : trente ans après, une paix sous tension

En Bosnie-Herzégovine, comme tous ceux qui ont vécu la guerre (1992 - 1995) et l'interminable siège de la capitale Sarajevo, la famille Adalanic est encore rattrapée par l'émotion lorsque ses membres se replongent dans le passé. Trente ans la signature des Accords de Dayton qui ont mis un terme au conflit, la Bosnie n'est pas devenue le pays dont ils rêvaient.

Dans la ville historique de Mostar, au sud de la Bosnie, l'emblématique vieux pont a bien été reconstruit et les touristes sont revenus, mais la cité reste coupée en deux. Deux écoles, deux hôpitaux, deux administrations… Une séparation de fait entre Croates et Bosniaques, preuve que la cohabitation n’a pas effacé la méfiance.

Dayton, la paix imparfaite

Si les accords de Dayton, signés à Paris le 14 décembre 1995, ont bien mis un terme aux combats, ils ont figé le pays dans un équilibre instable. Deux entités, trois peuples... Un millefeuille administratif souvent paralysant.

À Banja Luka, capitale de la Republika Srpska, les discours séparatistes, portés par le leader nationaliste Milorad Dodik, séduisent. Le ressentiment, l’obsession de l’identité et l’absence de réconciliation réelle nourrissent les tensions.

Face à cela, la force internationale Eufor maintient une présence symbolique, mais dissuasive, consciente que la paix peut vaciller.

Entre espoir et mémoire traumatique

À Srebrenica, enclave musulmane qui a été le théâtre d'un génocide au cours duquel 8000 personnes ont été massacrées, le traumatisme reste omniprésent. Les cimetières s’étendent à perte de vue, et les récits des survivants sont empreints d’une douleur indélébile.

Dans cette ville, les Bosniaques et les Serbes vivent côte à côte, parfois sans vraiment se croiser.

Pourtant, quelques signes d’espoir existent : une école de danse multiethnique, des jeunes qui refusent les récits de haine. Mais ces initiatives restent fragiles, minoritaires, et souvent étouffées par les discours nationalistes qui saturent l’espace politique.

En Bosnie-Herzégovine, la paix existe, mais la réconciliation, elle, reste à construire.