L’école des métiers de l’Information « suspendue au pouvoir politique » de la région Île-de-France

Kelvin et Stéphanie sont salariés. Mais sur leur temps libre, les deux jeunes gens suivent des cours du soir, depuis décembre dernier, à l’École des Métiers de l’Information, à Paris, une structure qui permet aux salariés et aux chômeurs de se reconvertir. Kelvin, qui travaille au Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), n’a jamais remarqué, au sein de l’équipe pédagogique, de crainte pour l’avenir de l’école, ces derniers mois. Idem pour Stéphanie, responsable de l’audience du journal le Monde, qui explique n’avoir « jamais eu aucun ressenti d’une mauvaise situation financière » depuis le début de sa formation, en décembre dernier. À peine Kelvin a-t-il saisi au vol cette réflexion, jetée sous le coup de l’humour : « J’espère qu’on ne va pas être racheté par Bolloré. »

Une référence au rachat de l’ESJ Paris, une école privée de journalisme, par un consortium de milliardaires, du réactionnaire Vincent Bolloré aux libéraux Rodolphe Saadé et Bernard Arnault. Une réflexion qui prend plus que jamais son sens, aussi, au moment où l’École des métiers de l’information (EMI), fondée en 1982 dans l’effervescence des médias portés par des associations, des syndicats et des radios libres, est en danger. L’institution spécialisée dans la formation professionnelle – des élèves en reconversion et désireux d’intégrer le secteur du journalisme – est amputée de 40 % de son budget depuis près d’un an.

Suite à une déclaration de cessation de paiements, l’école a obtenu un redressement judiciaire le 5 septembre 2024. L’EMI a rendez-vous au Tribunal du commerce, lundi 7 avril. L’instance de justice leur dévoilera alors les candidats à une reprise qui se seront déclarés ces prochaines semaines. Des profils sur lesquels la direction de l’école n’aura aucune marge de manœuvre : le choix définitif du repreneur revient au tribunal.