Défilés de Paris : Miu Miu, Lacoste et la course au cool
Lundi, Stella McCartney distribuait à ses invités un faux quotidien, Stella Times, qui martelait le message écologiste de sa collection été 2025. Revoilà le bon vieux journal papier chez Miu Miu, le lendemain ! Dans un décor d'imprimerie signé de l'artiste Goshka Macuga, la dernière édition de The Truthless Times tourne sur les rotatives au-dessus de nos têtes. La marque cadette du groupe Prada, qui a plus que le vent en poupe, va-t-elle rendre cool la presse écrite auprès des jeunes gens qui ont les yeux rivés sur leurs écrans ? On l'espère. Mardi après-midi, au Palais d'Iéna, où ses défilés ont élu domicile depuis de nombreuses années, « Miuccia » lance sur le podium d'acier strié une demoiselle blonde comme les blés (qui se trouve être la fille cadette de Nicole Kidman), vêtue d'une robette en coton blanc, en guêtres dans ses hauts talons. Une autre jeune femme a enroulé son col rond bleu marine autour du torse façon bustier. Une brune a superposé deux culottes bouffantes en faille technique sous son imper.
Comme souvent, la créatrice milanaise donne une leçon de style impeccable, rendant désirable l'imprimé seventies (sur des larges pardessus ceinturés de bijoux vintage), le trikini (enfilé sous une jupe droite en cuir verni aux couleurs pop), les grosses paillettes en rhodoïd (formant des fleurs sur des robes en soie délicieuses). Évidemment, tout ça va se vendre comme des petits pains en boutique. Et qu'importe si les prix de cette ligne censée être plus accessible que sa grande sœur Prada crèvent le plafond depuis plusieurs saisons.
Quelques heures plus tard, chez Lacoste, on peine à rejoindre notre siège tant les stars, et la horde de photographes qui les accompagnent, s'entassent au premier rang. Pierre Niney, égérie maison, Virginie Efira, Gilles Lellouche, Isabelle Adjani, Spike Lee, Rim'K du groupe de rap culte 113, et le Marseillais Soprano pour la « street » crédibilité. À tel point qu'il ne reste plus une place libre sur les bancs pour la pauvre Venus Williams, qui est elle aussi sous contrat avec la marque. La championne est enfin installée, on peut donc commencer. Sur le podium, la collection de l'Américaine Pelagia Kolotouros, directrice artistique depuis un peu plus d'un an, est tout aussi éclectique que le front row. Du croco, surnom du fondateur, elle fait un énorme motif décentré sur une vareuse blanche un peu large, ou barrant un trench ceinturé (très épaulé). « Je pourrais vous parler de René Lacoste pendant des heures, dit-elle de sa voix douce mais surexcitée, quelques jours avant le show. De son raffinement désinvolte, de la façon si décontractée qu'il avait de porter le costume. C'est tellement français ! Je suis partie d'un portrait de lui des années 1920, où on le voit sur une plage du Sud-Ouest, bronzé et athlétique, avec des amis. » Elle tire donc le fil de cette « french elegance », ne cesse-t-elle de répéter, même si la réalité sur le défilé est moins évidente en raison d'un stylisme inutilement alambiqué et d'accessoires compliqués (chaussures de sport à talons, panier de voyage à housse de raquette intégrée). Pourtant, lors de notre entrevue, on repérait dans son studio de très beaux pantalons larges à plis dans des tons nude, des shorts à l'esprit rétro, des robes en maille crochet très mignonnes, des polos en piqué de coton revisité dans une version brillante ou en tricot ajouré. Dommage…