Ligue des nations : Italie-France, une «finale» pour dissiper les doutes

Le brouillard épais de la cité milanaise entrevu samedi soir donne le ton. Les Bleus ne débarquent pas en Italie pour une partie de plaisir. Balayés au Parc des Princes (1-3) en septembre dernier, et très décevants contre Israël (0-0) jeudi, les hommes de Didier Deschamps ont l’occasion d’inverser une courbe négative et des sentiments contrastés. Etat des lieux.

Briser la monotonie générale

En conférence de presse d’avant-match, Ibrahima Konaté a quelque peu surpris l’assistance en analysant le piètre match nul contre Israël jeudi dernier (0-0). S’il a répété sa « frustration » et sa « déception », le défenseur des Bleus, qui pourrait être capitaine dimanche soir à Milan a avancé avec aplomb que « la seule chose qui nous a manqué, c’est l’efficacité ». Avant de rétorquer : « si on avait gagné 4-0, vous n’auriez pas eu la même question. » Simple discours de façade ou vrai déni de réalité quand la France a signé jeudi son quatrième 0-0 sur une année civile -du jamais vu depuis 20 ans- et qu’elle s’avance avec le pire ratio de points, avant dimanche soir, depuis 2013 ? 

Que ce soit au stade ou devant la télévision, tout le monde a bien vu la qualité de jeu des Bleus et le peu de spectacle proposé. Dans la lignée finalement de ce que la deuxième sélection au classement Fifa offre depuis des mois. Que ce soit à l’Euro ou depuis la rentrée, le niveau de jeu interroge. Une sorte de monotonie générale s’installe tout doucement quand un match de l’équipe de France est programmé. Simple désintérêt passager ou début d’un désamour ? La rencontre de dimanche soir, sans aucun enjeu majeur si ce n’est de glaner la première place du groupe, a ce mérite d’offrir une vitrine pour enfin donner du plaisir aux gens. Par la victoire, mais pas seulement.

Montrer que cette équipe à une âme

« Le plus important dans le football, c’est de se remettre en question. » Ces mots, prononcés le mois dernier par Ibrahima Konaté, sont parfaits pour contextualiser le rendez-vous de dimanche soir. Ces Bleus nouvelle version, avec seulement deux titrés de 2018 (Pavard et Kanté) dans leur rang, passeront un grand test dans le bouillant San Siro et ses 68.000 spectateurs. Entre la leçon d’Italien du Parc des Princes (1-3) en septembre et le récent nul contre Israël, ce nouveau groupe que met en place Deschamps doit montrer ce qu’il a vraiment sous le capot. Personne ne doute de la difficulté de prendre la suite des cadors désormais retraités (Lloris, Varane, Griezmann, Giroud..), tout en relayant l’absence remarquée de cadres habituels (Mbappé, Tchouaméni), mais le contexte milanais est propice aussi au fameux « match fondateur »

On l’a vu avec les récentes victoires italiennes, le succès français en Belgique le mois dernier(1-2), quelque peu trompe-l’œil, n’est pas suffisant pour entrevoir les vraies qualités des Bleus. Face à une Squadra Azzurra invaincue depuis cinq matches après avoir été balayée à l’Euro dès les 8es de finale contre la Suisse, on en saura plus si cette équipe « new-look » a une âme.

Deschamps doit bousculer des joueurs qui n’ont (encore) rien prouvé  

Il l’a dit et répété en conférence de presse samedi, sa volonté de faire tourner son effectif et de voir du monde ne change pas. Italie ou pas Italie. Didier Deschamps procédera donc à de nouveaux changements dans son onze de départ dimanche à San Siro. L’idée est claire : mettre des éléments dans des contextes pas toujours favorables pour tirer des enseignements en vue des qualifications à la Coupe du monde 2026 attendues en 2025. Jeudi soir, Olise, Zaïre Emery, Barcola ou encore Camavinga ont failli dans leur tâche. Idem pour Kolo Muani. Face à l’Italie, « DD » devrait relancer Koné, Coman, Thuram ou encore Olise. Manière aussi de les impliquer et d’attendre d’eux un autre visage que les joueurs entrevus au Stade de France. Le Munichois, auteur de bons débuts avec son club après des JO séduisants, doit faire plus sous le maillot bleu. Avec et sans ballon. Si le Mondial aux USA, Canada et Mexique est encore loin, les premières bases sont posées dès maintenant par le sélectionneur et son staff dans cette revue d’effectif.

Laisser une bonne dernière impression

Plus que de savoir qui va bien jouer ou non dans le contexte milanais, le public français attend surtout de s’enthousiasmer pour sa sélection, sentiment trop peu ressenti ces derniers mois. Avec les JO qui sont passés par là, la profusion de football de club chaque semaine et le recul de football de sélection entre deux compétitions internationales, les Bleus feraient bien de marquer le coup avant de clôturer l’année 2024. Avant de donner rendez-vous en mars pour les quarts de finale de Ligue des nations et après les qualifications à la prochaine Coupe du monde. Dans la vie, ce n’est jamais une mauvaise idée de laisser une bonne impression. Le football n’y échappe pas non plus.