Six mois après les Jeux Paralympiques : « Sur le handicap, nous ne sommes toujours pas à la hauteur »
La psychologue Clara Mautalent a dirigé un livre collectif sur les idées reçues sur le handicap. Avec la chercheuse Célia Bouchet, elle pointe sans détour les lacunes des politiques publiques en la matière, malgré les engagements internationaux de la France et la loi de 2005. Les personnes porteuses de handicap restent discriminées, et les premières victimes des politiques néolibérales.
Que signifie la représentation du handicap que l’on entretient aujourd’hui ?

Clara Mautalent
Psychologue et consultante handicap indépendante, elle est également enseignante et formatrice. Elle travaille à rendre le milieu ordinaire du travail et de la formation plus inclusif.
Lors des jeux Paralympiques, beaucoup de comparaisons ont été faites entre les situations de handicap. La rencontre sportive mondiale n’a donc pas permis de parler du handicap tel qu’il est représenté dans la société. Les jeux Paralympiques font partie des gros événements médiatiques sur le sujet, comme le Téléthon. Malheureusement, ils ne diffusent le handicap que sous certains aspects. Par exemple, c’est l’héroïsation des athlètes qui transcenderait leur condition. Cela implique que, lorsque l’on est en situation de handicap, on doit se surpasser. Le Téléthon, lui, est un événement annuel de dramatisation qui mène à donner aux personnes en situation de handicap, dans une sorte de vision très misérabiliste.

Célia Bouchet
Postdoctorante au Centre d’études de l’emploi et du travail du Cnam. Ses recherches portent sur les trajectoires d’emploi après la naissance d’un enfant, selon le genre et le handicap, en Europe. Elle est lauréate du prix de thèse du Défenseur des droits 2023 pour sa thèse en sociologie « Handicap et destinées sociales : une enquête par méthodes mixtes ».
On manque beaucoup de représentations de personnes handicapées ordinaires. Dans le cinéma, le handicap visible apparaît presque toujours dans des films sur le sujet. Pour une personne dans une telle situation, les chances d’être recrutée pour un film qui ne porterait pas sur le handicap sont extrêmement faibles. Et très souvent, même dans les longs métrages sur le sujet, les rôles sont tenus par des acteurs valides.