Finale de la Ligue des Champions : les supporters de l’Inter Milan en colère face à la politique de vente des billets décidée par le club
Il n'y a pas que des déçus au Paris Saint-Germain. De nombreux supporters du club parisien, même parmi les plus fidèles, n'ont pu obtenir des places pour la finale de la Ligue des champions contre l'Inter de Milan, le samedi 31 mai. Ils seront environ 2 000 ultras sur les 18 000 places réservées au club de la capitale. Mais il ne risque pas d'être en sous-nombre face à leurs homologues intéristes, en colère contre la direction du club.
Les ultras de l'Inter Milan ont protesté devant le siège du club contre la gestion de la vente des billets en finale, rapporte RMC Sport. La raison : la direction du club milanais a décidé de donner la priorité à ses abonnées les plus fidèles. Et fait perdre ainsi une forme de priorité aux groupes de supporters, notamment ceux de la Curva Nord, le virage nord de San Siro.
Un système d'extorsion démantelé
Cette mesure a-t-elle été prise en rétorsion après les affaires qui ont touché ce groupe de supporter de l'Inter ? La plus récente se nomme "Doppia curva" pour "double virage", du nom de ce procès qui s'est déroulé en mars, et à huis clos, dans une salle bunker adossée à une prison milanaise. Seize supporters de l'Inter Milan et de l'AC Milan sont soupçonnés d'avoir mis en place un système d'extorsion dans le stade de San Siro, et autour de l'enceinte mythique. Parmi les seize personnes jugées : Renato Bosetti le chef de la Curva Nord. Le parquet de Milan a requis près de 100 ans de prison contre les accusés, rapporte RMC Sport.
Cette enquête "Doppia Curva" a aussi révélé que des figures de la Curva Nord s'étaient enrichies de plusieurs centaines de milliers d’euros grâce à la revente illégale de billets pour assister à la finale de la Ligue des champions en 2023, à Istanbul (défaite 1-0 de l'Inter contre Manchester City), souligne le Huffington Post. Des reventes alors que des dirigeants de la Curva avaient fait pression sur le club pour augmenter le nombre de places qui leur était attribué. La direction avait finalement attribué 1 500 billets aux ultras, alors que seuls 800 étaient initialement disponibles.
Cette année, la direction du club intériste n'a pas fait suite aux nombreuses demandes de réserver environ 600 billets aux ultras de la Curva. "Nous n’avons rien à voir avec ce qui s’est passé. Ce sont les agences qui ont les billets et les revendent à 4 000 euros. Et c’est à nous qu’on reproche le marché noir", a affirmé une figure historique du groupe de supporters, rapporte le Corriere della Sera. "On veut juste encourager", ont chanté par la suite les 400 supporters présents, bien moins que les 2 000 attendus selon le journal italien.
Dérive mafieuse
Les accusations de dérives mafieuses ne sont pas nouvelles pour la Curva Nord. Le chef actuel, Renato Bosetti, avait remplacé à la tête de ce groupe de supporters Andrea Beretta, accusé d'avoir poignardé à mort Antonio Bellocco, lié aussi à la mafia.
Avant Bosetti, l'ex-chef de la Curva Nord, Vittorio Boiocchi, avait été tué par balles en octobre 2022 près de son domicile, dans la périphérie de Milan. Il était âgé de 69 ans. Cette figure bien connue du milieu criminel milanais faisait l'objet d'une interdiction d'assister aux matchs de l'Inter. Le 11 avril, le parquet de Milan indiquait que six personnes avaient été placées en détention provisoire dans le cadre de cette affaire. L'un des quatre commanditaires présumés n'est autre qu'Andrea Beretta.
Au-delà de ces soupçons de criminalité, les autorités allemandes redoutent des affrontements entre supporters, notamment sans billet, de l'Inter Milan et du PSG à Munich où se déroulera la finale, rapporte le journal L'Equipe. Lundi, les ultras de la Curva Nord promettaient d'aller "à Munich même sans billet". Hors du stade, les supporters des deux équipes pourront se croiser dans la fan zone géante, située au parc olympique.
De son côté, le Collectif Ultra Paris (CUP) a invité les Parisiens à porter haut les couleurs le soir de la finale. "Nous invitons le peuple parisien à porter haut ses couleurs. Sortez vos maillots, accrochez vos drapeaux à vos fenêtres et balcons, sortez dans les rues et les places, criez votre amour pour Paris et chantez !", écrivent les Ultras dans un communiqué, espérant vivre une soirée légendaire.