Suppression de deux jours fériés : "Ce n'est pas acceptable et c'est même dangereux", estime le président de l'U2P au vu des dernières annonces

"Ce n'est pas acceptable et c'est même dangereux dans la situation économique dans laquelle se trouve le pays, avec la fragilité des petites entreprises", estime lundi 11 août sur franceinfo Michel Picon, Président de l’U2P, l'Union des entreprises de proximité, en réponse au courrier de François Bayrou adressé vendredi aux partenaires sociaux. Dans ce dernier, le Premier ministre propose de ne pas rémunérer davantage les salariés mensualisés et les agents publics lors des deux jours fériés que compte supprimer le gouvernement dans son Budget 2026. "On n'est pas vraiment prêts à négocier", avance le représentant de l’artisanat, du commerce et des professions libérales.

Selon lui, le gouvernement "ne fait pas des économies, il va chercher 4,2 milliards d'euros dans la poche des entreprises." Il estime que le sujet n'est "pas suffisamment documenté". La mesure aura "des conséquences importantes sur l'activité économique du pays, dans le tourisme, le loisir ... L'hôtellerie-restauration annonce 100 millions d'euros de perte de chiffre d'affaires par jour", dit-il. "Ces deux jours travaillés n'apporteront pas automatiquement aux entreprises plus de rentabilité, plus de chiffre d'affaires", déclare Michel Picon, pour qui cette mesure risque de "mettre la pagaille dans le pays".

"On est loin du travailler plus pour gagner plus"

Il prend l'exemple d'un salon de coiffure ouvert le lundi de Pentecôte : "Si vous n'avez pas de clients, vous avez payé la contribution de 0,30% sans avoir de contrepartie. On est loin du travailler plus pour gagner plus ! J'entends que dans notre pays il faut travailler plus, mais travailler plus c'est aussi donner la dynamique de consommation, donc rémunérer les gens pour le travail qu'ils font. Personne ne veut revenir sur le tabou du passage aux 35 heures."

"Depuis 42 ans dans notre pays, on court après l'équilibre de nos budgets, car à l'époque les gouvernements ont pris des mesures qui n'étaient pas financées - la retraite à 60 ans, les 35 heures"

Michel Picon, président de l'Union des entreprises de proximité

franceinfo

"Plutôt que de supprimer des jours fériés, on ferait mieux de faire travailler un peu plus chaque jour chaque personne", préconise-t-il, "et de faire en sorte que ceux qui ne travaillent pas travaillent, aussi bien des jeunes que des seniors." Michel Picon redoute "une rentrée avec un climat social épouvantable, et cette affaire va vraiment pourrir la situation."