Guerre dans la bande de Gaza : "Où peut-on s'abriter ?", témoigne une habitante après les nouvelles frappes israéliennes
Au silence de la trêve a succédé le fracas des bombes dans la bande de Gaza. Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé, mardi 18 mars, un nouveau bilan d'"au moins 330 morts" dans les frappes israéliennes lancées dans la nuit sur la bande de Gaza, d'une violence sans précédent depuis le début de la trêve le 19 janvier.
Ces frappes, dont le bilan n'a cessé d'évoluer dans la nuit et qui ont été décidées par le Premier ministre Benjamin Nétanyahou et son ministre de la Défense Israël Katz, font "suite au refus répété du Hamas de libérer nos otages ainsi qu'à son rejet de toutes les propositions qu'il a reçues de l'envoyé présidentiel américain Steve Witkoff et des médiateurs", indique un communiqué du gouvernement israélien.
Opération planifiée durant le week-end
Toute l'enclave est ciblée depuis 1h du matin. Khan Younès, au sud de Gaza, une zone densément peuplée, est la ville la plus touchée. Les hôpitaux sont débordés. "En accord avec l'échelon politique, les Forces de défense israélienne et l'Agence de sécurité intérieure sont en train de mener des frappes étendues sur des objectifs terroristes appartenant à l'organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza", ont annoncé tôt mardi l'armée israélienne et l'Agence de la sécurité intérieure dans un communiqué commun sur Telegram. Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas assure de son côté que la majorité des victimes sont des enfants et des femmes.
"Tout d'un coup, il y a eu des bombardements avec des petits avions, puis des grands avions... Nous avons été réveillées en pleine nuit : on a vu du feu partout. Pour tout le monde, l'essentiel est de ne pas quitter la maison"
Samira, une habitante de Khan Younèsà franceinfo
Selon un communiqué du bureau de Benjamin Nétanyahou, l'attaque a été planifiée durant le week-end en réponse au refus du Hamas de libérer les 59 derniers otages toujours à Gaza. Après presque deux mois de trêve, la guerre a donc repris, avec la crainte pour les habitants de nouveaux déplacements de force : l'armée israélienne a largué par avion des tracts demandant aux habitants de Gaza d'évacuer certaines zones.
"On n'a pas d'informations"
Teima, une habitante du nord de Gaza, raconte : "Les frappes ont commencé à 1h30 ce matin et elles se poursuivent toujours. Je vous parle depuis Beit Lahia, tout au nord de la bande de Gaza. Et en ce moment même, des chars nous tirent dessus de manière directe. Je ne sais pas quoi faire : où doit-on aller ? Je ne sais même pas ce qu'il se passe ailleurs dans Gaza. On n'a pas d'informations, Internet est coupé, il n'y a pas d'électricité. Où peut-on s'abriter ? On est sous la tente."
Sans oublier la crainte d'une nouvelle opération terrestre, d'ores et déjà planifiée par le nouveau chef d'état-major. Ce serait la dernière étape de ce que les militaires israéliens ont appelé le "Plan de l'enfer" : après avoir suspendu les livraisons d'aide humanitaire, début mars, puis coupé la dernière ligne électrique il y a une semaine, l'État hébreu frappe donc de nouveau brutalement l'enclave.
Le Hamas parle dans un communiqué d'un "coup d'État" contre l'accord de cessez-le-feu et affirme qu'Israël met en danger les otages. Israël, de son côté, affirme qu'elle continuera de combattre dans la bande de Gaza "tant que tous les otages ne seront pas rentrés chez eux", a déclaré mardi le ministre de la Défense, Israël Katz. Le Forum des familles, la plus grande association de proches d'otages en Israël, a demandé mardi au Premier ministre, Benjamin Netanyahu, d'"arrêter de tuer" leurs proches, après ces frappes israéliennes intenses.
Cette attaque intervient par ailleurs le jour où Benjamin Nétanyahou devait comparaître devant le tribunal dans trois affaires de corruption. L'audience a été annulée. Le Premier ministre a entamé une procédure de licenciement contre le chef des services secrets intérieurs, le Shin Bet, provoquant une crise constitutionnelle inédite. Cette affaire très politique passe, depuis cette nuit, au second plan en Israël : des manifestations massives, qui sont prévues mardi soir à Jérusalem et à Tel Aviv, seront sans doute annulées pour des raisons de sécurité.