« C’est souvent comme ça que j’ai de nouvelles idées» : pourquoi ce chef d’entreprise est un adepte des «tracances»
Plébiscité par les salariés depuis la fin de la pandémie de Covid-19, le télétravail depuis un lieu de vacances est aussi apprécié par les patrons.
Passer la publicité Passer la publicitéL’engouement pour les « tracances », un néologisme qui désigne l’exercice du télétravail depuis un lieu de vacances, se poursuit cet été. Ce phénomène venu d’Outre-Atlantique a émergé en France avec l’essor du télétravail lié à la pandémie de Covid-19. Si 27% des salariés de l’Hexagone étaient adeptes des « tracances » en 2023, cette part grimpe à 35% en 2025, selon les études menées à deux ans d’intervalle par la plateforme de gestion pour les entreprises Factorial avec OpinionWay.
Quant aux chefs d’entreprise, qui déconnectent rarement complètement pendant leurs congés, nombre d’entre eux, tel monsieur Jourdain, pratiquaient déjà une forme de « tracances » avant même que le concept ne fasse son apparition. À la nuance près, et pas des moindres, que si par le passé il s’agissait pour eux d’emporter des dossiers pendant leurs vacances ou d’assurer une veille sur le business, ils planifient désormais plus volontiers des séjours sur des lieux de vacances, avec l’objectif d’y télétravailler.
Passer la publicitéUne veste pour les visio-conférences
À la tête d’Anthyllis, une TPE de sécurité informatique en Île-de-France où il emploie cinq salariés, Jean-François Chalot a ainsi saisi l’opportunité de devoir installer sa fille en stage d’études à Barcelone. Il a donc télétravaillé cinq semaines depuis son appartement sur la Costa Brava.
Outre des vêtements adaptés aux températures de la Catalogne, il a pris soin de mettre quelques chemises et une veste dans ses bagages pour ses visio- conférences. « Je ne mets pas de fonds d’écran car je considère que c’est tricher. Mais j’essaye de donner le sentiment que je suis dans un endroit professionnel », indique-t-il. Quant à ses collaborateurs qui exercent sur plusieurs sites, ils ne savent jamais où se trouve leur patron. Que Jean-François Chalot échange avec eux depuis la région parisienne ou l’Espagne ne change rien pour eux.
Décisions importantes
En revanche pour ce dirigeant, la différence de cadre est énorme. «Quand je suis au bureau j’ai beaucoup de sollicitations externes et je suis souvent dérangé. En Espagne, il n’y a que ma femme pour passer une tête et me demander si j’ai besoin de quelque chose ». Ce Centralien s’organise pour travailler plusieurs heures le matin ainsi que le soir. Dans l’intervalle, il s’aère. « C’est souvent lorsque je suis en train de me balader que j’ai de nouvelles idées pour l’entreprise et cela m’amène à prendre des décisions importantes. Le fait de ne pas être dans le quotidien et de moins avoir la tête dans le guidon me permet de mieux sédimenter ce qui est important de ce qui ne l’est pas. Je prends du recul sur les choses alors que lorsque je suis au siège, j’ai tendance à vouloir que tout soit fait en même temps», confie-t-il.
Si à 65 ans passés Jean-François Chalot s’autorise ces « tracances », il reconnaît que jeune entrepreneur, il ne se le serait jamais permis. « Je crois en la force de l’exemple. Quand on démarre une société, il est nécessaire d’être au côté de son équipe. Le créateur d’entreprise doit être présent pour démontrer son implication comme pour booster ses collaborateurs.»