Les Oscars 2025 ont vu, ce dimanche, le triomphe du cinéma indépendant, avec le grand chelem époustouflant d’Anora qui fait main basse sur le trophée roi de la cérémonie et toutes les récompenses majeures du palmarès de cette édition : meilleur film, meilleur scénario original, meilleur réalisateur, meilleure actrice, meilleur montage. Anora a réalisé le rare doublé palme d’or et Oscar, comme avant lui Parasite en 2020.
La comédie noire de Sean Baker termine cette soirée avec cinq statuettes sur les six auxquelles il pouvait prétendre. «Ce film a été produit avec le sang, la sueur et les larmes de tous les gens qui m’entourent. Vive le cinéma indépendant ! Si vous voulez de meilleurs films indépendants, il faut en produire plus», a enjoint le réalisateur couteau-suisse, également scénariste et monteur. Cette remontada d’Anora s’est accompagnée d’un des plus grands retournements de situation de ces 97e Oscars. Son héroïne Mikey Madison, 25 ans, a damé le pion à la favorite de la saison Demi Moore, qui portrait la fable horrifique de Coralie Fargeat, The Substance.
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Ce faux conte de fées, où une strip-teaseuse new-yorkaise s'amourache du rejeton d'un oligarque russe avant d'affronter le mépris de classe de sa belle-famille ultra-riche, est un film indépendant, tourné pour seulement six millions de dollars. Il surpasse notamment Conclave qui repart avec juste un trophée de la meilleure adaptation.
Autre champion du cinéma indépendant qui partait avec dix nominations, The Brutalist rafle trois statuettes, dont celle du meilleur acteur pour Adrien Brody. Le comédien avait reçu la même distinction, il y a deux décennies, pour Le Pianiste de Roman Polanski. Il y jouait déjà un survivant de la Shoah. Son triomphe prive Timothée Chalamet d’une victoire historique. Si le Franco-Américain l’avait emporté pour le biopic de Bob Dylan Un parfait Inconnu, il aurait été à 29 ans le plus jeune lauréat de cette catégorie.
Dune, Wicked et Emilia Pérez finissent à deux trophées. Parti archi-favori avec 13 nominations fin janvier, le drame musical de Jacques Audiard sur un narco-trafiquant en quête de rédemption et limite la casse et l’humiliation avec l’Oscar du meilleur second rôle pour Zoe Saldana et celui de la meilleure chanson pour El Mal. Le film paye, sans doute, la controverse née des tweets racistes de son actrice principale Karla Sofià Gascon. Objets de mille et une critiques (dans sa manière de représenter le Mexique à son regard sur son héroïne trans), Emilia Pérez échoue à décrocher l’Oscar du meilleur film international, dépassé par le mélodrame familial brésilien Je suis toujours là.