Européennes: le recteur de la Grande mosquée invite les musulmans à voter pour contrer l’extrême droite

Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz à l’Elysée le 13 novembre 2023. AFP

Chems-eddine Hafiz appelle également ses coreligionnaires à lutter contre l'«esprit de repli sur soi».

Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a appelé ce mercredi les musulmans à voter lors des prochaines élections, pour contrer l'extrême droite mais aussi l'«esprit de repli sur soi». «En tant que Français et musulmans, il est de notre devoir de participer activement aux élections» européennes et nationales pour «renforcer notre démocratie» et «promouvoir les valeurs de justice, d'égalité et de solidarité», affirme le recteur dans son billet hebdomadaire. À moins de trois semaines des européennes du 9 juin, il souligne qu'«en votant, nous pouvons soutenir des politiques et des candidats qui défendent le bien commun et combattent l'injustice et la corruption, en accord avec les principes musulmans».

Chems-eddine Hafiz dit ses «graves inquiétudes» face à la montée de l'extrême droite, dont la potentielle victoire pourrait avoir des conséquences «particulièrement sévères» pour les musulmans, «allant de l'augmentation des actes islamophobes et des discriminations au renforcement des lois restrictives visant les pratiques religieuses et culturelles». Mais il déplore aussi «certaines mouvances se proclamant affiliées à l'Islam» et qui «dans un esprit de repli sur soi et de communautarisme étroit, prétendent qu'un musulman ne peut élire un non-musulman».

«Rien n'est plus éloigné de la vérité», ajoute le recteur, avec en ligne de mire les «pseudo-prédicateurs» qui «exploitent la vulnérabilité des jeunes pour propager des idées qui divisent» en «prétendant que la participation politique serait incompatible avec la foi musulmane». Pour le recteur, la participation électorale des musulmans est «une réponse citoyenne à l'intolérance et à la stigmatisation». Début mai déjà il avait invité les musulmans à une implication citoyenne, dans un long billet titré «la France, je l'aime et je ne la quitte pas» - une allusion à peine voilée à l'ouvrage «La France tu l'aimes mais tu la quittes» où des musulmans français racontent les discriminations les ayant poussés à l'exil.