Largage d'aide humanitaire sur Gaza par la France : "Un petit pas réalisé qui reste dérisoire", estime Amnesty International France

L'aide humanitaire de 40 tonnes que la France larguera à partir de vendredi sur la bande de Gaza "représente très peu", a déploré mercredi 30 juillet sur franceinfo Aymeric Elluin, responsable de plaidoyer Armes et conflits armés à Amnesty International France. "Nous organiserons à partir de vendredi, en lien étroit avec les autorités jordaniennes, quatre vols emportant dix tonnes de vivres chacun dans la bande de Gaza", a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. "Les largages aériens, s'ils sont évidemment positifs, puisque c'est un petit pas quand même réalisé, restent dérisoires par rapport aux besoins réels des Gazaouis", a souligné l'ONG.

Les Nations unies ont alerté dimanche sur des "niveaux alarmants" de malnutrition, alors que quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés à Gaza par Israël depuis le début de la guerre, déclenchée à la suite de l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien. "Selon les Nations unies, il faudrait par mois 62 000 tonnes en termes d'alimentation et de besoins nutrition", a rappelé Aymeric Elluin. "Les Nations unies parlent par ailleurs de 500 à 600 camions nécessaires par jour. Un camion, c'est 20 tonnes environ", a-t-il expliqué, alors que le chef de la diplomatie française a indiqué mardi que 52 tonnes de fret humanitaire étaient bloquées à la frontière égyptienne, à quelques kilomètres de la bande de Gaza. "Ce sont deux camions en réalité", s'est agacé Aymeric Elluin, qui appelle à une aide humanitaire massive face à la "détresse phénoménale" de la population dans l'enclave palestinienne. "Aujourd'hui, il faut inonder la bande de Gaza, il faut ouvrir l'ensemble des ports pour que les Gazaouis puissent, non pas voir leurs souffrances allégées, mais pour pouvoir vivre tout simplement".

Une méthode "extrêmement dangereuse"

Si les largages d'aide sur la bande de Gaza sont autorisés depuis dimanche par Israël, qui a déclaré une pause des combats à des fins humanitaires dans certains secteurs, cette méthode est "extrêmement dangereuse", selon le responsable de plaidoyer. "Imaginez le mouvement de foule qui se produit à la vue des parachutages puisque tout le monde a besoin de se nourrir. Les gens se précipitent sur les palettes, donc ça entraîne des situations chaotiques et ce n'est certainement pas toujours les plus vulnérables qui vont avoir accès tout de suite à l'alimentation (…), on leur jette en pâture quelques tonnes d'aide humanitaire", a-t-il regretté.

D'autant qu'"il faut absolument accompagner" sur place les populations affamées. "Il y a tout un processus médical pour faciliter la nutrition et permettre au corps de retrouver un rythme normal", a souligné Aymeric Elluin. Un organisme international de surveillance de la faim soutenu par l'ONU a affirmé mardi que le "pire scénario de famine est en cours à Gaza".