PSG-Aston Villa : la mue hivernale de Désiré Doué, de diamant à polir à joueur clé décomplexé

Plus le niveau augmente, plus il prend la lumière. Si le Paris Saint-Germain s'est imposé face à Aston Villa en quarts de finale aller de la Ligue des champions (3-1), mercredi 9 avril, il le doit en partie à Désiré Doué. La jeune recrue de l'été dernier (19 ans) a bien grandi. En quelques mois, il a troqué le statut de diamant à polir à celui de joueur clé d'une équipe bien décidée à aller le plus loin possible sur tous les tableaux cette saison, quitte à viser un quadruplé inédit.

Son but contre Villa illustre à quel point le doute et les complexes ne le touchent pas. Sans solution, à l'extérieur de la surface et en déséquilibre, l'ex-Rennais a trouvé le moyen de ne laisser aucune chance à Emiliano Martinez, le meilleur gardien du monde des deux dernières années d'après le jury du prix Yachine. Au-delà même de la beauté et de la difficulté de son tir, jugé "incroyable" par Lucas Digne, Désiré Doué a surtout permis au PSG d'égaliser en quatre minutes et de ne pas laisser Aston Villa croire en sa capacité à gagner le bras de fer.

"Ma première intention était de centrer. J'ai vu qu'il n'y avait pas vraiment d'option donc j'ai frappé", a retracé l'intéressé au micro de Canal+, dont la diction rappelle celle de Kylian Mbappé et dont la gestuelle sur le terrain a des airs de Neymar. "Pour progresser, je me compare à moi-même", insistait Doué lors du traditionnel exercice de la conférence de presse de veille de match. Le fait d'avoir été choisi pour accompagner Luis Enrique face à la presse en dit long sur ses progrès et son importance au sein de l'effectif. Il est aussi déjà l'un des chouchous du Parc des Princes. Mercredi soir, il s'est tourné vers chaque tribune pour saluer les supporters au moment de sa sortie à la 72e minute.

"Il a déjà tout"

Doué a marqué lors de chacun de ses quatre derniers matchs sous les couleurs du PSG, dont le but sécurisant le titre de champion de France samedi dernier face à Angers (1-0). Depuis le mois de décembre, il est l'un des trois seuls joueurs en Europe à avoir marqué au moins 10 buts et délivré au moins 10 passes décisives (12 buts, 10 passes), aux côtés de Raphinha et Mohamed Salah, deux prétendants identifiés pour le prochain Ballon d'or.

Ces performances lui ont valu d'être appelé pour la première fois en équipe de France. Dès sa première cape internationale, il s'est illustré en inscrivant son tir au but dans une séance tendue face à la Croatie en Ligue des nations (dix jours après avoir déjà brillé dans cet exercice avec Paris à Liverpool). "Surtout, qu'il ne change pas. Il a déjà tout", s'était emballé Didier Deschamps après le match, lui qui n'est pas forcément du genre à s'enflammer sur des cas individuels face aux médias.

Surdoué du dribble et du un contre un, Doué n'est pas utilisé que dans un rôle d'ailier par Luis Enrique. Il est parfois replacé dans le coeur du jeu, où il étale sa capacité à construire et à animer le jeu parisien malgré la pression adverse. Mercredi soir, il a terminé la rencontre à 89% de passes réussies (40/45) tout en étant le joueur ayant tenté le plus de tirs de la soirée (6).

Enrique ne veut pas le freiner

Si Luis Enrique a à plusieurs fois gesticulé en réaction à des dribbles alambiqués de son n°14, il a défendu le jeu à risques de son joueur en conférence de presse : "Ce n'est pas grave s'il tente des dribbles dans le dernier tiers du terrain : soit ça aboutit sur un tir ou un centre, soit ça nous donne l'occasion d'enclencher le pressing à nouveau".

Quatre joueurs postulent pour trois postes sur le front de l'attaque lors des grandes soirées de Ligue des champions. Ousmane Dembélé semble être incontournable. Ces dernières semaines, Désiré Doué a donné l'impression de prendre l'avantage sur Bradley Barcola. La mise sur le banc de ce dernier contre Aston Villa en est une manifestation, même si Luis Enrique refuse de figer toute hiérarchie. 

Avant l'hiver, le natif d'Angers cherchait encore sa place dans l'effectif. Il avait eu droit à trois matchs consécutifs en tant que titulaire à la fin du mois de septembre et s'était montré trop discret, comme lors du déplacement à Arsenal (0-2). Au terme de ses 15 premiers matchs à Paris, il affichait 0 but et une seule passe décisive. "Je me souviens que vous (les journalistes) l’aviez critiqué. Aujourd’hui ce sont des éloges mais un jour les critiques reviendront, car le haut niveau implique que tu acceptes ça quand tu vas moins bien. Doué a eu besoin de mois d’adaptation, insistait Enrique mi-mars. La difficulté de réussir au PSG, quand tu es Français, c’est plus difficile".