Des milliers d'Haïtiens manifestent à Port-au-Prince contre l'insécurité

Alors que les gangs multiplient leurs attaques dans la capitale, des milliers de manifestants ont défilé mercredi 2 avril à Port-au-Prince pour protester contre l'insécurité.

Dès les premières heures de la matinée, les protestataires ont érigé des barricades sur certaines artères, perturbant la circulation. Cette situation a entraîné une paralysie quasi totale des activités dans la capitale, les commerces et les écoles restant fermés par crainte de débordements.

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Les manifestants se sont dirigés vers les locaux du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du Premier ministre, avant d'être dispersés par la police. Ils ont dénoncé l'inaction des autorités, qui ne sont pas parvenues à rétablir la sécurité un an presque jour pour jour après la création du CPT, mis en place après la démission du Premier ministre Ariel Henry.

"On n'en peut plus de cette situation d'insécurité dans le pays", a confié à l'AFP un manifestant qui n'a pas souhaité dévoiler son identité. "C'est inacceptable que l'on continue à perdre des territoires. En réalité, je pense que ces territoires sont livrés aux bandits par les autorités qui ne se montrent pas à la hauteur", a-t-il dénoncé.

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Des "territoires" qui "sont livrés aux bandits"

Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti pâtit depuis longtemps des violences des bandes criminelles, accusées de meurtres, viols, pillages et enlèvements, dans un contexte d'instabilité politique.

Le pays a connu un regain de violence depuis mi-février. Les gangs, qui contrôlent environ 85 % de Port-au-Prince selon l'ONU, ont multiplié les attaques dans plusieurs quartiers qui échappaient jusque-là à leur contrôle, semant la terreur parmi la population.

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"Nous exigeons le rétablissement de la sécurité, la libre circulation et le retour de nos enfants à l'école. À bas les bandits ! Vive la paix et la sécurité ! Si les autorités sont dépassées par les événements, elles doivent partir", s'est emporté un autre manifestant, s'exprimant également sous couvert de l'anonymat.

La situation continue à se détériorer en dépit du déploiement partiel de la mission multinationale de sécurité (MMAS) menée par le Kenya pour aider la police haïtienne dépassée.

Soutenue par l'ONU, la mission compte désormais environ un millier de policiers de six pays, encore loin des 2 500 attendus.

Dans la nuit de dimanche à lundi, des gangs avaient attaqué le commissariat et la prison de Mirebalais, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Port-au-Prince, libérant 529 détenus. Cette attaque et une autre sur la ville voisine de Saut d'Eau ont poussé 5 981 personnes à fuir leur foyer, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Avec AFP