Retraites, allègements de charges, collectivités.. Les mesures du budget que le gouvernement s’apprête à corriger
Les ministres avertissaient volontiers dès la présentation du texte du projet de loi de finances (PLF) : celui-ci était « perfectible ». En effet, à la mi-octobre, le nouveau gouvernement Barnier n'avait eu que deux semaines pour préparer le budget 2025 dans un contexte de dérapage violent des déficits. Dans l'urgence, le nouvel exécutif avait frappé fort en inscrivant dans le texte des mesures d'économies polémiques afin d'atteindre son objectif de 40 milliards de coupes dans les dépenses pour l'an prochain.
Mais, depuis, la discussion parlementaire dans une atmosphère politique explosive ainsi que les alertes répétées des entreprises et d'autres acteurs comme les élus locaux ont fini par convaincre le gouvernement de modifier cette première version. Dans un entretien aux Échos ce dimanche, le ministre de l'Économie Antoine Armand a par exemple annoncé vouloir « atténuer » la hausse des cotisations patronales sur les bas salaires prévue dans le budget 2025, en échange « d'autres efforts » pouvant porter sur la durée du travail. Cette mesure, qui consistait à revoir la grille des allègements de charges patronales afin de récupérer jusqu'à 5 milliards d'euros, était un sérieux casse-tête pour le camp Macron. Certains ministres étaient d'ailleurs à la manœuvre pour la faire disparaître du budget 2025. Une source proche du dossier confirme que le premier ministre compte bien adoucir cette mesure dans le texte final sur lequel il engagera sa responsabilité via un 49.3.
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Pour ce qui est des mesures d'économies qui permettront de sauver une partie des allègements de charges, les choses demeurent floues. En revanche, une source proche de Matignon affirme que « l'hypothèse évoquée ces derniers jours de la mise en place d'une deuxième journée de solidarité n'est pas privilégiée », bref, quasi enterrée. Il faut dire que cette piste était loin de séduire même dans les rangs du « socle commun ». Certains jugeaient notamment qu'elle avait le défaut de faire travailler plus... ceux qui travaillent déjà.
«Petites retraites»
« De plus, souffle un conseiller, cela a l'avantage d'accorder une victoire aux députés macronistes », qui apportaient jusqu'ici un soutien remuant au budget présenté par l'équipe Barnier. C'est en partie pour des raisons politiques que le gouvernement envisagerait également de « lâcher » sur un certain nombre d'économies prévues pour le budget des collectivités territoriales. Le gouvernement a en effet inscrit dans le PLF environ 5 milliards d'euros d'économies sur les fonds alloués aux communes, départements et autres régions. « Nous allons adoucir certaines mesures, admet un proche du gouvernement, notamment pour les départements ». Les départements sont en effet en difficulté financière en raison de la crise immobilière, qui a fait plonger l'une de leurs principales sources de recettes : les droits de mutation à titre onéreux (DMTO) ou frais de notaires.
La mesure la plus décriée mais aussi la plus emblématique des textes budgétaires pour 2025 devrait également être revue et corrigée dans la version finale. Le report de six mois — du 1er janvier au 1er juillet — de la revalorisation des pensions, censé permettre à la Sécurité sociale d'économiser 3,6 milliards d'euros, concentre en effet toutes les critiques. Tous les députés de gauche, de droite, du camp Macron et indépendants de Liot ont signé des amendements pour supprimer cet article. Le Rassemblement national en fait même « une ligne rouge ». En commission des finances, le report de la revalorisation a été supprimé par les députés à la quasi-unanimité. Et rien ne laisse à penser qu'il en sera autrement lors du passage du texte dans l'Hémicycle.
Face à cette opposition aussi farouche au Parlement que dans l'opinion, une source gouvernementale confirme que l'exécutif s'apprête à dispenser les «petites retraites » de ce coup de rabot. Les seuils de 1 200 euros, 1 600 euros ou encore 2 000 euros de pension par mois ont été évoqués lors des débats parlementaires. Reste à savoir sur lequel de ces seuils le gouvernement portera son choix.