Attaques contre Drake et la politique de Trump : comment Kendrick Lamar a enflammé la mi-temps du Super Bowl

Quand Kery James affirmait que le rap était un « art prolétaire », il était loin de se douter qu’un gosse de Compton, banlieue déshéritée de Los Angeles, le porterait si haut. Après avoir été le premier rappeur à remporter le prix Pulitzer de musique ou encore plusieurs Grammy Awards il y a quelques jours, Kendrick Lamar a enflammé la mi-temps du Super Bowl – la grand-messe du football américain – dans la nuit du 9 au 10 février. Fidèle à sa musique engagée, le digne successeur de 2Pac a fait de cette cérémonie très lisse un écrin parfait pour des causes politiques et sociales.

Au premier rang desquelles la gentrification du rap, symbolisée par son clash avec Drake, chantre d’une musique plus bling-bling. Après avoir fait mine de ne pas vouloir interpréter Not Like Us, il a finalement lancé cet hymne du peuple dirigé contre le Canadien, traité de « pédophile » par quelque 83 000 spectateurs.

Engagée, festive et populaire

Présent au stade, Donald Trump a également dû avoir les oreilles qui sifflent. Au milieu de danseurs noirs habillés aux couleurs du drapeau états-unien, Kendrick Lamar a pu distiller quelques-uns de ses morceaux les plus connus, bien souvent opposés à l’idéologie nationaliste du président.

Depuis une quinzaine d’années, le Californien se distingue par son questionnement de la société américaine, avec des titres sur la condition des Noirs, la virilité et le féminisme, la violence des gangs, la transidentité, ou l’aliénation des âmes abandonnées de Compton. Sur la forme, il peut passer de la trap au jazz en passant par le funk, composer des tubes internationaux comme des ballades intimistes. Son talent n’était plus à prouver, mais cette nouvelle consécration confirme la victoire d’une musique engagée, festive et populaire, en un mot, du rap.

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