Loi visant à interdire le port de signes religieux dans le sport : danger sur la laïcité
« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
Encore sur les bancs de l’école, la simplicité alliée à la justesse des mots du pasteur allemand Niemöller résonnent instantanément dans mon esprit d’enfant, moi, arrière-petite-fille de résistant·es communistes, à qui sa grand-mère a raconté ensuite la manifestation de Charonne contre la guerre d’Algérie et, plus tard, à qui ses parents ont fait le récit de la dictature de Ben Ali en Tunisie, la défense du peuple palestinien ou des Roms, avec l’internationalisme en bandoulière et la solidarité en mantra.
Aujourd’hui, alors qu’une ministre de la République cible un humoriste français parce que trop barbu, dans un contexte international où le président du pays le plus puissant du monde pétrifie à coups de déclarations et de vidéos terrorisantes, c’est encore à la liberté des femmes que l’on s’attaque, les plus faciles à cibler : celles de confession musulmane.
Le 18 février dernier, les sénateurs ont adopté une proposition de loi portée par Michel Savin (« Les Républicains ») pour interdire le port de signes religieux dans le sport. La priorité, ce ne sont pas les retraites, la crise du logement, le pouvoir d’achat. Non, c’est d’empêcher une minorité que l’on suppose déjà soumise à nombre d’interdictions d’accéder à une activité collective, avec le culot d’affirmer que c’est pour protéger les femmes, justement.
Alors même que des instances comme le Comité international olympique autorise le couvre-chef et qu’Amnesty international rappelle que la laïcité garantit la liberté de culte, soulignant le caractère dissuasif de ces mesures sur les jeunes générations, à l’opposé des objectifs affichés de féminisation du sport.
Outre « Les Républicains » et leurs alliés qui ont massivement défendu ce texte bientôt présenté à l’Assemblée Nationale, la gauche, elle, a manqué une opportunité d’incarner l’inclusion et l’égalité en ne s’y opposant que trop mollement. « Quand ils sont venus chercher les femmes portant le voile, je n’ai rien dit, je ne le portais pas. Quand ils sont venus chercher les musulman·es, je n’ai rien dit, je n’étais pas musulman·e. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
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