Plusieurs squelettes du Moyen-Âge découverts près de Nantes

Exhumation d'une sépulture humaine lors du diagnostic archéologique mené en 2019 autour de l'hôtel de ville de Rezé (Loire-Atlantique), sur le même secteur faisant l’objet de la fouille actuelle de l’Inrap, en 2024. Thierry Mezerette, Ville de Rezé

Depuis début octobre, à Rezé, la fouille d’un cimetière mérovingien aujourd’hui disparu a permis aux archéologues de dénombrer près de 90 sépultures. Un pan de rue romaine a aussi été retrouvé au cours de l’opération.

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Le Figaro Nantes

Ambiance macabre au pied de l’hôtel de ville de Rezé. Malgré les squelettes et le gilet orange des figures penchées sur la terre boueuse, aucun spectacle d’Halloween ne se trame sur la parcelle éventrée de la commune, ouverte entre la mairie et l’église Saint-Pierre. L’opération, pratiquée au lieu-dit du Carré Daviais, n’a rien d’une magie noire. Il s’agit d’une opération de fouille archéologique préventive. Six chercheurs auscultent, sur quelque 600 m2, les tréfonds de Rezé afin de mieux saisir l’histoire de cette commune de Loire-Atlantique située dans la banlieue sud de Nantes. Demain, ce secteur deviendra une place piétonne et végétalisée. Hier, elle abritait un cimetière médiéval. Et quelques centaines de défunts.

Ouverte début octobre, la nouvelle campagne de fouille a été confiée à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui travaille depuis 2020 sur le centre bourg de Rezé. Selon nos confrères de Presse Océan , «quelque 87 sépultures médiévales ont déjà été recensées, avec leurs ossements et squelettes associés». Une présence attendue depuis l’organisation, en 2019, d’un diagnostic archéologique sur ce secteur, réalisé - à l’époque - par le pôle de recherche archéologique de Nantes Métropole. Cette première opération avait déjà mis au jour une série de tombes et d’ossements humains. Ces découvertes ont été rattachées à la présence ancienne d’un cimetière aujourd’hui complètement disparu sous le centre-ville historique de Rezé.

Du port romain à la cité mérovingienne

Fondé au VIe siècle, à l’époque mérovingienne, cet espace funéraire associé à l’église Saint-Pierre voisine est resté en activité jusqu’au XVe siècle, avant de disparaître dans le paysage en transformation de la commune moderne. Compte tenu des dimensions prêtées au cimetière, les archéologues ont alors estimé que jusqu’à 200 sépultures pourraient se trouver sous la future place Daviais. Un chiffre qui paraît raccord avec les débuts de la nouvelle campagne de fouille. Des vestiges humains adultes comme mineurs ont d’ores et déjà été sortis de terre - et au moins un sarcophage a également été découvert.

Comme il est de coutume, la datation précise des corps mis au jour pendant la campagne devrait faire l’objet d’examens ultérieurs en laboratoire ; cette phase de post-fouille, habituellement riche d’enseignements, permettra d’en apprendre davantage sur la vie et la mort des défunts. Joint par Le Figaro, l’Inrap confirme l’opération en cours au sud de Nantes, et annonce un point d’étape en novembre, pour faire un premier bilan de la fouille. 

Avant cela, les recherches se poursuivront à leur rythme au moins jusqu’en décembre. Et jusqu’aux couches les plus anciennes de la ville. À Rezé, elles remontent à l’époque romaine, au temps de Ratiatum, ainsi que s’appelait alors cette cité occupée dès le Ier siècle de notre ère. À l’Antiquité, son important complexe portuaire faisait l’interface entre le fond de l’estuaire ancien de la Loire et le réseau routier gallo-romain. Pour l’heure, une rue romaine aurait déjà été identifiée au Carré Daviais, aux côtés de murs plus ou moins imposants, de nature encore indéterminée. Et non loin des éventuels autres secrets de l’histoire de Rezé, tapis à portée de truelle.