Coup d’État manqué contre Lula : l’ancien président Jair Bolsonaro inculpé

Si un procès est ouvert, l’ex-président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro encourra une peine de 12 à 40 ans d’emprisonnement. En effet, l’ancien chef d’État de 69 ans a été inculpé, mardi 18 février, pour projet présumé de « coup d’État », « tentative d’abolition violente de l’État de droit démocratique » et « organisation criminelle armée », selon l’acte d’accusation.

Bolsonaro et 33 autres suspects sont « accusés d’avoir incité et exécuté des actes contraires aux trois pouvoirs et à l’État de droit démocratique », a détaillé le parquet dans un communiqué. L’acte d’accusation justifiant les inculpations a été remis à la Cour suprême, qui doit à présent décider de l’ouverture ou non d’un procès. Ces 34 individus auraient ainsi tenté d’empêcher le président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva de prendre ses fonctions après une campagne électorale acharnée.

En décembre, la police fédérale a arrêté l’ancien ministre de la Défense de Jair Bolsonaro, Walter Braga Netto, accusé d’entraver l’enquête. Il fait partie des suspects inculpés. Le général Augusto Heleno, qui comme ministre du Cabinet de sécurité institutionnelle était considéré comme l’éminence grise du président Bolsonaro, est aussi visé. De même qu’Alexandre Ramagem, son chef des services de renseignement à l’époque.

Un plan de triple assassinat

Le parquet pointe également que cette conspiration présumée « avait pour leaders le président (Bolsonaro) et son candidat à la vice-présidence (Walter Braga Netto) qui, alliés à d’autres individus, civils et militaires, ont tenté d’empêcher, de façon coordonnée, que le résultat de l’élection présidentielle de 2022 soit appliqué ».

« Les investigations ont révélé (que le projet de coup d’État) envisageait jusqu’à la mort du président et du vice-président, ainsi que (celle) d’un juge de la Cour suprême. Ce plan avait le consentement du président (Jair Bolsonaro, NDLR) », a précisé le parquet.

Ces déclarations font référence à un plan de triple assassinat intitulé « Opération Poignard vert et jaune » (les couleurs du drapeau brésilien). Celui-ci devait, selon les enquêteurs, être mis à exécution par des membres des forces spéciales de l’armée, après la victoire électorale de l’actuel président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, fin octobre 2022 et avant son investiture le 1er janvier 2023. Des projets d’assassinat qui auraient également concerné, outre Lula, le vice-président élu Geraldo Alckmin et le juge Moraes.

Un coup d’État « avorté » en raison de « circonstances allant contre sa volonté »

L’inculpation est basée sur un rapport d’enquête de la police fédérale de 900 pages qui accable l’ancien chef de l’État. Le document indique que Bolsonaro a « planifié (…) et a pris part de façon directe » à ce projet présumé de coup d’État. Il explique également que celui-ci « n’a pas eu lieu en raison de circonstances allant contre sa volonté ». Selon les enquêteurs, le plan de ce coup d’État aurait « avorté » en raison du manque de soutien de la part des principaux commandants de l’armée brésilienne.

Le rapport fait également état de l’implication présumée de l’ex-président dans l’ébauche d’un décret qui aurait justifié la déclaration de l’état de siège pour annuler le scrutin remporté contre lui par Lula fin octobre 2022. Ce décret prévoyait entre autres, selon les enquêteurs, la convocation de nouvelles élections et la détention du juge Alexandre de Moraes, alors président du Tribunal supérieur électoral (TSE).

Bolsonaro est inéligible jusqu’en 2030 pour désinformation

De son côté, le parquet a également souligné qu’une « dernière tentative » de coup d’État s’était déroulée le 8 janvier 2023, lors des émeutes de Brasília, quand des milliers de bolsonaristes ont saccagé les lieux de pouvoir dans la capitale, une semaine après l’investiture de Lula. Ils ont été « encouragés » par l’ex-président et les autres membres de la conspiration présumée.

Le fils aîné de l’ancien président d’extrême droite, le sénateur Flavio Bolsonaro, a tenté de défendre son père sur le réseau social X : « La tentative de coup d’État dans des bâtiments publics vides s’est transformée en accusation vide, sans aucune preuve contre Bolsonaro ».

Après l’annonce de son inculpation, la défense de l’ancien président s’est dite « stupéfaite » et « indignée », affirmant dans un communiqué que Jair Bolsonaro n’a « jamais » été lié à un « mouvement poursuivant la déconstruction de l’État de droit démocratique ».

Dans le viseur des enquêteurs pour diverses affaires, Bolsonaro s’est vu interdire de quitter le territoire brésilien. De plus, il est inéligible jusqu’en 2030 pour désinformation sur le système d’urnes électroniques utilisé lors du dernier scrutin. Il espère toutefois faire annuler cette condamnation pour se présenter à la présidentielle en 2026 face à Lula.

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