Le combat de José, 57 ans, pour que les places de stationnement handicapé soient nominatives
À Saint-Quentin dans l’Aisne, José Durand, 57 ans, subit un handicap à cause d’une longue maladie. Et son histoire illustre les difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap dans l’accès effectif à leur droit : en l’espèce au stationnement réservé.
Il lui était difficile, en raison de son handicap, de parcourir une longue distance entre sa voiture et son domicile, José a décidé de faire valoir ses droits tels que prévus par la loi. L’article L2213-2 du Code général des collectivités territoriales précise que le maire peut, par arrêté, réserver des emplacements de stationnement sur la voie publique aux véhicules utilisés par les personnes titulaires de la carte mobilité inclusion (CMI) mention « stationnement ». Cela pour garantir l’accès à leur domicile et leur autonomie.
Passer la publicitéUne lourde procédure
« J’ai fait une demande à la mairie pour avoir une place handicapée devant chez moi. J’ai expliqué que, même pour sortir ou aller à un examen médical, c’était devenu très compliqué», raconte-t-il, joignant alors un certificat médical à son dossier, comme l’exige la procédure. Mais la démarche ne s’arrête pas là. « Ils ont mené une enquête de voisinage . Deux agents de la police nationale sont venus, ils m’ont demandé ma carte de stationnement et ont observé la rue pour voir si la situation était vraiment difficile».
Sauf que José se heurte rapidement à une nouvelle difficulté : malgré l’attribution officielle de la place, il ne peut que rarement en profiter, à cause de personnes du quartier avec la carte CMI qui s’approprient aussi la place. Résultat, «il m’arrive très souvent de ne pas pouvoir stationner devant chez moi, alors que cette place m’a été attribuée au vu de mes propres difficultés». D’autres personnes de passage se garent aussi régulièrement sur la place réservée. « À quoi bon avoir fourni un certificat médical, avoir accepté une enquête de voisinage, vu deux agents venir constater mes difficultés, si au final tout le monde peut se garer sur cette place ?», s’agace le Saint-Quentinois.
José a donc tenté d’obtenir une solution auprès de la mairie de Saint-Quentin, en demandant que sa place devienne nominative. Mais la municipalité lui a opposé un refus, arguant qu’accorder une place nominative ouvrirait la voie à de trop nombreuses demandes similaires.
Face à cette fin de non-recevoir, José a décidé d’élargir son combat et a écrit à tous les niveaux de l’État : député de circonscription, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Premier ministre, Président de la République. Résultat : aucune réponse ou un renvoi vers la maire de Saint-Quentin.
Seul le député de sa circonscription Julien Dive (Droite républicaine), a pris la plume pour interpeller le gouvernement à ce propos. Dans sa lettre, le député argue qu’il serait nécessaire, «dans certains cas», de permettre la création de places de stationnement PMR nominatives, «c’est-à-dire réservées spécifiquement à un usager identifié». En 2022, une proposition de loi avait d’ailleurs été déposée par le Rassemblement national pour consacrer cette idée.