Notre critique de The Grill: coup de feu à Times Square

Notre critique de The Grill: coup de feu à Times Square

Dans The Grill, Alonso Ruizpalacios transforme une cuisine en Titanic, comme une métaphore d’une Amérique en plein naufrage. Jorge Luis Linares Martínez/Zona Cero Cine 2023/L'Atelier Distribution

CRITIQUE - Scénario catastrophe dans la cuisine d’un restaurant à New York.

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Le paradoxe n’est même pas drôle. Les restaurants mettent la clé sous la porte alors qu’ils crèvent l’écran. Faute de clients et de marges suffisantes, nombre de brasseries et gargotes baissent le rideau, victimes du télétravail et de l’inflation, quand ce n’est pas la baisse de qualité des assiettes qui fait fuir les gastronomes. Dans le même temps, les restaurants sont partout au cinéma et à la télévision. The Menu, The Bear, Dans la cuisine des Nguyen ou bientôt La Réparation de Régis Wargnier, avec Clovis Cornillac (déjà aux fourneaux dans la série Chefs ), les films mettent l’art culinaire à toutes les sauces, du thriller à la comédie musicale.

The Grill, d’Alonso Ruizpalacios, présenté à la Berlinale en 2024 sous le titre La Cocina, tient plus du film catastrophe. Il a pour décor la cuisine d’un restaurant de Times Square, épicentre touristique de New York, réduit ici à une ruelle où les employés prennent une pause cigarette ou sortent les poubelles. Parmi eux, Pedro (Raul Briones), cuistot mexicain sans papiers rétif à l’autorité. Il a un faux air de Linguini, le commis de Ratatouille. Même silhouette longiligne, même boucles. Mais pas de rat cordon-bleu sous sa toque. Malgré le coup de feu, Pedro trouve le temps de flirter avec sa petite amie Julia (Rooney Mara), serveuse qui cache sa grossesse sous sa robe à rayures.

Une sauce trop épaisse

Le métier est déjà en tension mais Ruizpalacios ajoute de la nervosité quand le patron découvre que l’argent de la caisse a disparu. Il met encore un peu plus la brigade sous pression, soumet les uns et les autres à un interrogatoire. Le chaos devient total quand une inondation de Coca-Cola transforme la cuisine en Titanic, métaphore pas très subtile d’une Amérique en plein naufrage. On sent chez Alonso Ruizpalacios l’influence de ses aînés mexicains, Alfonso Cuaron et Alejandro Gonzalez Inarritu. Noir et blanc (Roma), plan-séquence dans les entrailles d’un lieu clos (le théâtre de Birdman), critique sociale et politique (Biutiful), le réalisateur mélange les ingrédients sans y aller avec le dos de la cuillère. Mais la débauche d’effets finit par étouffer le goût comme une sauce trop épaisse gâte un plat.

La note du Figaro : 1/4