Trois figures de style horlogères

Si on a jadis utilisé des sabliers afin de marquer le temps de parole au tribunal et des bougies pour vendre aux enchères, l’histoire des montres est toute récente. Et pourtant, avec l’avènement des smartphones, elles ont déjà perdu en partie leur fonction principale : indiquer l’heure. Libérées du fond, elles se concentrent ainsi sur les formes et offrent un nouveau territoire d’expression aux designers : notre poignet. Comme Tej Chauhan auquel Rado, maison suisse habituée à de telles collaborations, a confié l’un de ses modèles les plus stylés et emblématiques, la DiaStar Original. Le créateur britannique avait déjà réinventé la True Square carré de la marque en 2022 dans un style rétro futuriste. Cette fois, le boîtier massif résistant aux rayures de cette montre née en 1962 est associé à un cadran noir mat aux cercles concentriques argentés, des aiguilles blanches, une aiguille des secondes rouge vif et un affichage de la date en orange fluo. Dotée d’un bracelet en caoutchouc, cette DiaStar Original × Tej Chauhan (2 500 €) embarque un mouvement automatique promettant une réserve de marche de 80 heures.
La maison Louis Erard a, quant à elle, mis son modèle Régulateur entre les mains de Sylvie Fleury, l’artiste suisse qui, depuis 2018, transforme des palettes de maquillage en œuvres monumentales. Un concept qu’elle applique ici aux dimensions d’un cadran, avec cette Palette of Shadows au boîtier en acier PVD noir de 39 mm de diamètre, cadran noir poli et bracelet en cuir noir verni évoquant les écrins laqués des fards. La signature visuelle du régulateur avec ses « trois aiguilles horizontales » vire au corail à 12 heures et au rouge magenta à 6 heures.

Louis Erard Palette of Shadows / Rado DiaStar Original × Tej Chauhan DR

L’influence brutaliste

Alors que le brutalisme revient sur grand écran sous les traits d’Adrien Brody dans la peau de l’architecte Laszlo Toth, il inspire aussi l’artiste et collectionneur Phil Toledano et le designer Alfred Chan. Leur montre B/1 (4 000 $) revendique l’influence de la Rolex Midas et l’architecture brutaliste du Musée Whitney, à New York, signée Marcel Breuer. La forme de fenêtre imaginée par Breuer a servi ici de base au design de la tête de montre elle-même, le bracelet suivant la même démarche esthétique. Fait unique : l’épaisseur du boîtier en acier de 33,5 mm de large varie de 9,10 à 10,40 mm du fait de sa conception angulaire. Il est associé à un cadran en lapis-lazuli et à un bracelet aux finitions brossées et sablées. Cette montre asymétrique, à la couronne positionnée à gauche, intègre un mouvement automatique suisse offrant une réserve de marche de 42 heures. Sa prochaine évolution, avec un cadran en nacre de Tahiti, est annoncée pour mars prochain.

Toledano & Chan, une vision brutaliste de l’horlogerie. Toledano & Chan