Incendie d’un gîte en Charente: au moins quatre morts, une personne recherchée... Ce que l’on sait au lendemain du drame
De l’ancien corps de ferme isolé, entouré d’arbres et d’un champ de tournesols, il ne reste quasiment plus rien. Sur les 700 m² que comptait ce domaine de Montmoreau, en Charente, 300 m² sont partis en fumée, dans la nuit de dimanche à lundi. Les flammes ont emporté avec elles quatre personnes âgées de 55 à 75 ans, une dernière victime est encore recherchée parmi les décombres ce mardi. «Les fouilles sont toujours en cours sur les lieux. Elles sont diligentées par la brigade de recherches de la gendarmerie d’Angoulême, de la cellule d’identification criminelle (CIC) de la Charente, ainsi que de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN)», indique la préfecture de Charente contactée par Le Figaro.
Au total, 14 adultes âgés de 20 à 75 ans se trouvaient à l’intérieur du gîte Chez Gros Jean au moment où l’incendie s’est déclaré : huit personnes souffrant d’un handicap mental, originaires majoritairement de Haute-Vienne et de Touraine, et quatre encadrants, présents pour un séjour d’une semaine, ainsi que le couple de propriétaires.
Passer la publicitéÀ ce stade, une victime a été identifiée comme étant l’un des hébergés, «les trois autres corps n’ont pas encore pu être identifiés. La première autopsie doit avoir lieu ce mercredi», souligne au Figaro Mathieu Auriol, vice-procureur d’Angoulême. La cinquième personne toujours portée disparue est la propriétaire des lieux, Danielle Pothuaud, âgée de 69 ans. Elle serait «rentrée dans le bâtiment en feu pour essayer de secourir quelqu’un. Elle a dû être prise par les flammes», nous explique le maire de la commune de 2400 habitants, Jean-Michel Bolvin. Il précise que le couple accueillait des personnes en situation de handicap depuis une quinzaine d’années. «C’est un endroit perdu au milieu des bois, c’est très bucolique. Idéal pour les vacances de ces groupes qui se sont toujours très bien passées.»
Premières auditions des survivants
L’ancien corps de ferme n’était «pas soumis à déclaration ni à contrôle de commission de sécurité» puisqu’il recevait moins de 16 personnes handicapées, mais il «avait été visité par les services de l’État il y a deux ans et avait reçu un avis favorable», a fait savoir lundi Jean-Charles Jobart, secrétaire général de la préfecture et sous-préfet d’Angoulême. «Il y avait les détecteurs de fumée, les extincteurs incendie, les couvertures antifeu. Donc, au moment du contrôle, il y a deux ans, tout était aux normes», a-t-il ajouté.
24 heures après le drame, il apparaît que le feu est parti «d’un autre bâtiment qui est contigu et qui a fait l’objet d’une déclaration pour ce séjour mais n’avait pas été visité en 2023», a déclaré la ministre chargée du Handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq, qui s’est rendue sur place. La cause de l’incendie demeure en revanche inconnue. Et la ministre de poursuivre : «On ne sait pas ce qui l’a provoqué, si les détecteurs de fumée ont bien fonctionné, on ne sait pas non plus comment les personnes ont eu connaissance de ce feu.»
Le parquet d’Angoulême a ouvert une enquête de flagrance du chef d’homicide involontaire ou blessure involontaire contre X et l’IRCGN est sur place ce mardi pour enquêter, tant sur le volet criminalistique que sur le volet expertise incendie, nous indique le vice-procureur. Le deuxième propriétaire des lieux, compagnon de la sexagénaire disparue, a pu être auditionné par les services d’enquête. Un processus qui doit se poursuivre auprès des autres personnes présentes au moment du drame afin de comprendre ce qui a pu déclencher ce brutal incendie, vers 4h30 du matin. «Nous menons des investigations méticuleuses pour déterminer l’origine du feu et éviter qu’un tel drame se reproduise.»