« Avez-vous détruit Hollywood ? » Time Magazine n’y est pas allé par quatre chemins en rencontrant Ted Sarandos, le co-directeur général de Netflix. Alors que les différentes plateformes de vidéo à la demande se battent pour séduire un public toujours plus large, l’avenir des salles obscures paraît de moins en moins florissant. Les géants du divertissement, comme Netflix et Disney+, prendront-ils leur place définitivement ?
Ted Sarandos, qui figure parmi la liste des 100 personnes les plus influentes du monde élaborée par Time Magazine, juge que les plateformes de vidéos à la demande ont d’abord « sauvé Hollywood ». « Nous vous proposons des programmes que vous pouvez consommer comme vous le souhaitez », argue-t-il. Ce qui veut dire regarder des films à n’importe quelle heure et n’importe où et les regarder en plusieurs fois. Pour le patron de Netflix, ces plateformes permettent également aux personnes éloignées des cinémas d’avoir accès à un maximum de contenus cinématographiques.
Ted Sarandos utilise également l’exemple des difficultés du box-office nord-américain pour renforcer son argument sur l’importance de ces plateformes. « Qu’est-ce que ça dit ? Qu’est-ce que le public essaie de nous faire comprendre ? Qu’il préfère regarder les films chez lui, merci bien ! » Le PDG affirme même que le modèle des salles de cinéma est révolu. « Beaucoup ont grandi avec ce rêve : faire des films pour un écran géant, pour une salle remplie d’inconnus et qui resterait deux mois à l’affiche avec des séances pleines et des gens qui pleurent… Mais ça, c’est un concept dépassé ! » Il va même encore plus loin en affirmant que « faire des films pour les salles obscures, pour l’expérience collective » est une « idée dépassée ».
Netflix, l’avenir de l’industrie cinématographique ?
Après ces déclarations, le patron de Netflix tient toutefois à rappeler qu’il apprécie les cinémas mais que leur déclin ne « le dérange pas ». Et il demande également à Hollywood de ne pas se laisser « piéger » avec l’idée que le public doit obligatoirement voir des films en salle. «Ne vous enfermez pas dans cette idée que les films doivent être vus comme vous voulez qu’ils soient vus. Ce qui compte, c’est comment le public veut les voir. C’est ça l’avenir de l’industrie. »
Ted Sarandos tient également à affirmer qu’il ne fait pas table rase des salles de cinéma. La preuve, ils ont racheté le Bay Theater à Los Angeles et le Paris Theater à New York, pour les « sauver d’une reconversion en pharmacie ». Netflix s’autorise également à sortir quelques-uns de ses films dans les salles obscures comme Glass Onion et Emilia Pérez pour que ceux-ci soient éligibles aux Oscars. « On fait ces sorties sur mesure… Il faut cocher quelques cases pour les Oscars, faire tourner le film un peu, ça aide aussi dans le cycle médiatique. Mais j’ai toujours encouragé les réalisateurs avec qui on travaille à se concentrer sur le public. Faites un film que les gens aiment, et ils vous le rendront bien.»